L’Italie fait face à une vague de contestation sociale suite à l’appel à la grève générale lancé par deux grandes confédérations syndicales du pays. La CGIL, principal syndicat de gauche, et l’UIL, syndicat modéré, ont décrété un mouvement de grève de 8 heures ce vendredi pour protester contre le projet de budget 2023 du gouvernement ultraconservateur de Giorgia Meloni, jugé « complètement inadapté pour résoudre les problèmes du pays ».
Des revendications multiples pour défendre le pouvoir d’achat et les services publics
Au cœur des revendications syndicales se trouvent plusieurs demandes clés visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs italiens. Les syndicats réclament notamment :
- L’augmentation du pouvoir d’achat des salaires et des retraites
- Un financement accru pour la santé, l’éducation et les services publics
- Des politiques industrielles ambitieuses pour soutenir l’emploi
Face à une dette publique colossale avoisinant les 3 000 milliards d’euros, l’Italie est sous pression pour redresser ses comptes. Le gouvernement s’est engagé à ramener le déficit public à 2,8% du PIB dès 2024, bien en-deçà du seuil de 3% fixé par les règles européennes. Cet objectif implique des sacrifices, avec notamment des réductions d’abattements fiscaux et des coupes budgétaires dans de nombreux ministères et services publics.
Un service minimum imposé dans les transports pour limiter les perturbations
Si la grève de 8 heures touche de nombreux secteurs, de l’éducation à la santé en passant par l’industrie, les postes ou la justice, c’est dans les transports que son impact devrait être le plus visible. Afin de limiter les perturbations, le ministre des Transports Matteo Salvini, figure de l’extrême droite italienne, a imposé un service minimum en réduisant le préavis de moitié.
Ainsi, dans les transports publics urbains (bus, métro, tram) et le transport maritime, la grève devra se terminer à la mi-journée. Le transport aérien sera également touché, avec un arrêt de travail des personnels navigants et des contrôleurs aériens entre 8h et 12h. La compagnie nationale ITA a d’ores et déjà annulé plus d’une centaine de vols. Seul le transport ferroviaire sera épargné, une loi interdisant deux mouvements sociaux à moins de 12 jours d’intervalle dans un même secteur.
Des manifestations prévues dans tout le pays malgré des divisions syndicales
En parallèle de la grève, de nombreux rassemblements syndicaux sont prévus dans une quarantaine de villes italiennes. Ces manifestations témoignent de l’ampleur de la mobilisation contre la politique budgétaire du gouvernement Meloni, même si l’unité syndicale n’est pas totale.
En effet, la CISL, deuxième confédération du pays, a refusé de se joindre au mouvement, qualifiant cette grève de « protestation stérile, démagogique et populiste » alors que les discussions sur le budget 2023 sont toujours en cours. Cette position illustre les divergences stratégiques au sein du camp syndical face à un exécutif déterminé à tenir ses engagements de rigueur budgétaire.
Il est clair que le gouvernement devra faire preuve d’une grande capacité d’écoute et de dialogue pour éviter une escalade sociale dans les prochaines semaines. Le défi est de taille pour concilier redressement des comptes publics et réponse aux attentes d’une population durement éprouvée par la crise économique.
Une source proche des milieux syndicaux
Au final, cette grève générale illustre les tensions croissantes entre une partie du monde du travail et le gouvernement dirigé par Giorgia Meloni. Si l’exécutif semble pour l’instant camper sur ses positions, la rue entend bien continuer à faire entendre sa voix pour peser sur les arbitrages budgétaires à venir. Une équation complexe à résoudre dans un contexte économique et social particulièrement tendu.