Depuis le 6 décembre, la Polynésie française vit au rythme d’une grève qui paralyse le territoire. Déclenchée par la quasi-totalité des pompiers de 43 aérodromes, celle-ci a des conséquences dramatiques pour les touristes venus profiter de ces îles paradisiaques. Coinçés et sans solution pour rentrer chez eux, certains se retrouvent dans des situations critiques.
Des vols annulés par centaines, des milliers de passagers impactés
D’après les chiffres d’Air Tahiti, la principale compagnie inter-îles du territoire, environ 250 vols ont déjà été annulés depuis le début du mouvement. Cela représente plus de 4 200 passagers qui n’ont pas pu embarquer comme prévu, parmi lesquels près de 800 touristes. Un coup dur pour le secteur touristique polynésien, qui misait beaucoup sur cette période de fin d’année.
Les revendications des grévistes jugées « surréalistes »
À l’origine de ce mouvement social, on trouve la Fédération des agents des administrations de Polynésie. Celle-ci exige une revalorisation de 40% du point d’indice des fonctionnaires territoriaux. Une demande qualifiée de « surréaliste et excessive » par le président de la Polynésie française Moetai Brotherson, qui privilégie un effort sur les petits salaires.
Des touristes prêts à tout pour quitter les îles
Face au blocage de la situation, de nombreux vacanciers tentent par tous les moyens de rejoindre l’une des rares îles où atterrissent encore quelques avions. Un journaliste de l’AFP a pu s’entretenir avec plusieurs d’entre eux, comme Corinne Lesnes, en séjour sur l’atoll de Fakarava :
Quarante personnes, dont des enfants et un bébé, sont partis cette nuit en bateau pour rejoindre Rangiroa, ils ont du courage parce que les habitants et même le maire nous ont dit que la mer était trop forte et nous l’ont déconseillé.
D’autres, comme Nathalie Rieux, font face à des situations médicales préoccupantes, à court de médicaments vitaux :
J’étais déjà passée à des demi-doses d’insuline et j’ai pris la dernière ce matin. Si ça dure trop longtemps (…) un coma est possible.
Des îles épargnées grâce à une gestion privée des aéroports
Heureusement, certaines des destinations les plus touristiques de l’archipel, comme Bora Bora, Tahiti, Rangiroa ou encore Raiatea, ne sont pas touchées par ce mouvement. En effet, leurs aéroports sont gérés par une société privée, Aéroport de Tahiti, qui n’est pas concernée par les revendications des fonctionnaires territoriaux.
Un service minimum pour rapatrier les élèves
Afin de permettre aux 1 200 élèves scolarisés à Tahiti de regagner leurs familles sur les îles pour les vacances, un service minimum de vols charters a été mis en place. De nombreux touristes espèrent pouvoir en profiter pour quitter leur lieu de villégiature devenu un piège doré.
Cette grève met en lumière la fragilité du système de transport inter-îles polynésien et son impact sur le tourisme, premier secteur économique du territoire. Avec déjà plus de 262 000 visiteurs accueillis en 2023, les professionnels espèrent un retour rapide à la normale pour ne pas ternir l’image de ces destinations de rêve.