Une vague de panique s’empare actuellement de la Polynésie française. Depuis le 6 décembre, une grève surprise des fonctionnaires territoriaux, massivement suivie par les pompiers des aérodromes, paralyse le trafic aérien interîles. Résultat : des centaines de touristes se retrouvent bloqués sur les différentes îles, dans l’incapacité de rejoindre leur point de départ ou leur prochaine destination. Une situation inédite et préoccupante qui met les nerfs des vacanciers à rude épreuve.
L’ampleur de la paralysie aérienne
Selon les informations communiquées par Air Tahiti, la principale compagnie interîles du territoire, ce sont près de 250 vols qui ont dû être annulés depuis le début du mouvement. Plus de 4 000 passagers sont directement impactés par ces perturbations, dont 800 touristes qui se retrouvent littéralement pris au piège sur les îles. Une situation d’autant plus problématique que la Polynésie française, avec ses 118 îles réparties sur une surface équivalente à celle de l’Europe, reste très dépendante du transport aérien.
Des touristes désemparés
Face à cette paralysie soudaine, de nombreux témoignages de touristes désemparés affluent. Corinne, une vacancière française bloquée sur l’atoll de Fakarava, raconte :
Quarante personnes, dont des enfants et un bébé, sont parties cette nuit en bateau pour rejoindre Rangiroa, malgré une mer forte déconseillée par les habitants. Ils avaient du courage mais pas le choix !
À ses côtés, Nathalie, une autre touriste sexagénaire et diabétique, s’alarme :
Je suis à court d’insuline. J’ai déjà dû passer à des demi-doses et j’ai pris la dernière ce matin. Si ça dure, un coma est possible…
Des situations d’urgence qui illustrent le désarroi de ces vacanciers pris au dépourvu, contraints pour certains de recourir à des moyens alternatifs risqués et coûteux pour tenter de quitter leur île. Un trajet en catamaran jusqu’à Papeete, la capitale, se monnayerait ainsi à 1 000 euros par personne pour 17 heures de mer !
Des revendications salariales à l’origine de la grève
Comment en est-on arrivé là ? La raison de cette grève surprise réside dans les revendications portées par le syndicat des fonctionnaires territoriaux, la FRAAP. Au cœur des négociations : une demande de revalorisation de 40% du point d’indice. Une hausse jugée « surréaliste et excessive » par le président polynésien Moetai Brotherson qui privilégie un effort sur les bas salaires. Un bras de fer salarial dont les touristes font aujourd’hui les frais.
Les autorités tentent de dénouer la crise
Face à l’urgence de la situation, les autorités locales multiplient les initiatives pour tenter de dénouer la crise. La priorité : assurer la continuité du service public aéroportuaire. Pour cela, un service minimum devrait être mis en place dans les prochaines heures pour permettre notamment le rapatriement des élèves scolarisés à Tahiti vers leurs îles d’origine. De leur côté, les compagnies aériennes réfléchissent à des solutions de transport alternatives, comme l’affrètement de vols charters ou l’augmentation des rotations de bateaux interîles.
Mais l’incertitude demeure pour les centaines de touristes bloqués. Car si la saison touristique bat son plein en cette fin d’année, cette crise soudaine pourrait avoir des répercussions durables sur l’image de la destination et son économie, très dépendante du tourisme. En 2023, la Polynésie a accueilli plus de 260 000 visiteurs, un chiffre en nette hausse après les années Covid. Un succès touristique aujourd’hui assombri par ce conflit social.
Alors que les négociations se poursuivent entre le gouvernement local et les syndicats, les regards sont désormais tournés vers les prochaines heures. L’objectif : trouver une issue rapide à cette crise inédite pour permettre aux touristes de rejoindre leurs foyers et aux Polynésiens de reprendre le cours normal de leur vie. Une chose est sûre : cette grève surprise restera dans les annales et les mémoires des vacanciers, pour qui le rêve polynésien aura viré au cauchemar le temps de quelques jours.