La ville de La Paz, capitale administrative de la Bolivie, se retrouve plongée dans une ambiance de ville fantôme ce mercredi. En cause : une grève massive de 24 heures lancée par le secteur des transports pour protester contre la gestion de la pénurie de carburant dans le pays par le président Luis Arce.
Les rues de La Paz bloquées, la ville au ralenti
Dès les premières heures de la journée, les principales artères de La Paz ont été le théâtre de blocages. Selon les autorités policières citées par la chaîne Red Uno, pas moins de 19 points de blocage ont été recensés. Dans le centre-ville, la circulation est quasiment à l’arrêt, seuls quelques véhicules privés et taxis osant encore s’aventurer dans les rues désertes.
À l’origine de ce mouvement de grève : le principal syndicat local des transports, Chuquiago Marka. L’organisation dénonce l’arrestation de deux de ses membres, des chauffeurs de bus, en marge des protestations. « Il n’y a plus d’essence, on ne peut plus travailler » témoigne Juan Mamani, chauffeur de bus de 53 ans posté à un barrage au sud de La Paz. « Certains ont passé la nuit dans les files d’attente devant les stations-service » déplore-t-il, lui-même bloqué depuis 8 heures dans l’espoir de pouvoir faire le plein.
La Bolivie face à une grave pénurie de carburant
Cette grève intervient alors que la Bolivie est confrontée depuis 10 jours à une grave pénurie d’essence, conséquence directe du blocage des principaux axes routiers du pays par les partisans de l’ancien président Evo Morales. Ces derniers s’opposent à la possible arrestation de leur leader, visé par une enquête pour viol présumé sur mineure.
Les barrages mis en place sur les routes ont immobilisé des centaines de camions-citernes chargés de carburant, mettant en grande difficulté l’approvisionnement des stations-service. Initialement concentrés dans l’État de Cochabamba, fief politique d’Evo Morales, les blocages se sont étendus. En une semaine, leur nombre est passé de 4 à 21 à travers le pays.
Evo Morales au cœur d’un bras de fer politique
En toile de fond de ce chaos : un bras de fer politique entre Evo Morales et l’actuel président Luis Arce. Le premier président indigène de Bolivie, qui a dirigé le pays de 2006 à 2019, s’estime victime d’une « persécution judiciaire » orchestrée par le gouvernement. En jeu : l’investiture du parti au pouvoir pour la présidentielle de 2025, que les deux hommes convoitent.
Evo Morales est dans le collimateur de la justice pour une affaire de « viol, trafic et traite d’êtres humains ». Il aurait entretenu une relation avec une adolescente de 15 ans, qui a donné naissance à une petite fille en 2016.
Une économie déjà fragilisée par la baisse des exportations de gaz
Cette crise politique survient alors que l’économie bolivienne est déjà ébranlée par une pénurie de carburant qui dure depuis un an. En cause : la chute des revenus issus de la vente de gaz, qui constituait jusqu’en 2020 la principale source de devises du pays. Privée de cette manne financière, la Bolivie a dû réduire drastiquement ses importations, notamment de carburants.
Avec le chaos qui règne actuellement à La Paz et la paralysie des transports, c’est toute l’activité économique du pays qui risque de tourner au ralenti. De quoi accentuer encore un peu plus la pression sur le gouvernement de Luis Arce, déjà fragilisé par sa rivalité avec Evo Morales et contesté dans la rue. La Bolivie semble s’enfoncer un peu plus chaque jour dans une crise multiforme dont on peine à voir l’issue.