Alors que plus de 18 000 officines ont fermé leurs portes jeudi dernier dans toute la France, le premier ministre Gabriel Attal a réagi à cette mobilisation massive des pharmaciens. Interrogé sur France 5, il a affirmé vouloir faire de cette profession un pivot encore plus central de notre système de santé, aux côtés des médecins généralistes.
Un appel à la poursuite du dialogue
Face à la colère des pharmaciens, qui dénoncent des pénuries persistantes de médicaments, des fermetures d’officines, une rémunération jugée insuffisante et un risque de dérégulation de la vente en ligne, Gabriel Attal a souhaité « la poursuite et l’aboutissement » des négociations entamées fin 2023. Celles-ci portent notamment sur une revalorisation des honoraires de 10% et une majoration des rémunérations pour le travail de nuit.
Des propositions jugées insuffisantes par les syndicats
Mais pour l’heure, les représentants des pharmaciens estiment que les dernières propositions de l’Assurance maladie sont « insuffisantes », notamment au regard de l’inflation qui pèse sur les charges des officines. Ils réclament une revalorisation dès 2025 et seront convoqués le 5 juin pour une « réunion conclusive ».
On a besoin d’eux. Je pense qu’il faut en faire encore davantage des pivots de notre système de santé.
Gabriel Attal, premier ministre
La pénurie de médicaments, un défi majeur
Au-delà de la question de la rémunération, Gabriel Attal a tenu à rassurer sur les pénuries de médicaments qui perturbent l’activité des pharmacies et inquiètent les patients. Il a rappelé que le gouvernement avait commencé à relocaliser la production de plusieurs « molécules prioritaires » en France, tout en soulignant l’importance d’une politique européenne sur le sujet.
Cette grève massive des pharmaciens met en lumière les défis auxquels est confrontée la profession, tiraillée entre exigences sanitaires, contraintes économiques et attentes des patients. Les prochaines semaines seront décisives pour voir si le gouvernement parviendra à apaiser la colère des officines et à concrétiser sa volonté d’en faire un maillon essentiel de l’accès aux soins.
Les pharmacies, un acteur de proximité indispensable
Avec un maillage territorial dense et une grande accessibilité, les 20 000 pharmacies françaises jouent un rôle crucial dans la prise en charge des patients. Elles assurent la délivrance des médicaments mais aussi de plus en plus de missions de prévention, de dépistage et de suivi, en lien avec les autres professionnels de santé.
Cette proximité est particulièrement précieuse dans les zones sous-dotées en médecins, où les pharmaciens sont souvent le premier recours. Mais pour assumer pleinement ce rôle, ils ont besoin de conditions d’exercice et de rémunération à la hauteur des services rendus à la population.
Vers une nouvelle donne pour la pharmacie ?
Si les négociations en cours aboutissent, elles pourraient ouvrir la voie à une profonde transformation de la profession. Avec une meilleure valorisation de leurs actes, les pharmaciens seraient encouragés à développer de nouvelles prestations et à renforcer leur coopération avec les autres soignants.
Mais au-delà des aspects financiers, c’est aussi toute l’organisation du système de santé qui est en jeu. En donnant plus de place et de moyens aux pharmacies, c’est un modèle de proximité, centré sur la prévention et le parcours de soins des patients, qui pourrait s’imposer. Une petite révolution en perspective, pour une profession en quête de reconnaissance.
