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Grève chez Volkswagen : Les Salariés Allemands se Mobilisent

Vent de fronde chez Volkswagen en Allemagne : les salariés entrent en grève dès lundi pour s'opposer aux milliers de suppressions de postes prévues. Le syndicat IG Metall prévient : "Si nécessaire, ce sera la bataille de négociation collective la plus dure que Volkswagen ait jamais connue". Un bras de fer s'engage entre direction et syndicats sur l'avenir du géant de l'automobile...

C’est un séisme social qui s’annonce chez Volkswagen en Allemagne. Dès ce lundi, les salariés du constructeur automobile seront appelés à cesser le travail dans les usines du pays pour protester contre les milliers de suppressions d’emplois envisagées par la direction. Le puissant syndicat IG Metall, qui représente les travailleurs de la métallurgie, n’y va pas par quatre chemins : « Si nécessaire, ce sera la bataille de négociation collective la plus dure que Volkswagen ait jamais connue », a prévenu Thorsten Gröger, le négociateur du syndicat, à l’issue de la période obligatoire de dialogue social.

Un rejet en bloc donc, des propositions de la direction qui prévoit un vaste plan d’économies pour redresser la compétitivité du groupe. Vendredi dernier, la contre-proposition syndicale visant à réduire les coûts sans fermer d’usines ni supprimer massivement des emplois, a été rejetée par Volkswagen, laissant présager un durcissement du conflit.

Des dizaines de milliers d’emplois menacés

Selon les représentants du personnel, ce sont au moins trois usines Volkswagen qui seraient menacées de fermeture en Allemagne, mettant en péril des dizaines de milliers de postes. Les salariés restants devraient eux consentir à des baisses de salaires. Une pilule difficile à avaler pour les syndicats et les employés du fleuron de l’industrie automobile allemande, déjà secoué par le scandale des moteurs truqués.

Appel à la grève dès lundi

Face à cette menace, IG Metall a donc décidé de passer à l’offensive en appelant à des « grèves d’avertissement » dès ce lundi dans toutes les usines Volkswagen du pays. Le syndicat espère ainsi faire plier la direction et l’amener à revoir sa copie sur les restructurations prévues.

« Des grèves d’avertissement commenceront lundi dans toutes les usines », a annoncé Thorsten Gröger, tenant la direction « responsable, à la table des négociations, de la durée et de l’intensité de cet affrontement ».

De son côté, la direction de Volkswagen dit « respecter » le droit de grève des salariés mais appelle à la poursuite d’un « dialogue constructif » pour « parvenir à une solution durable et soutenue collectivement ». Le constructeur assure avoir pris des « mesures ciblées » pour minimiser l’impact des débrayages sur la production.

Un groupe en pleine tourmente

Il faut dire que Volkswagen traverse une passe difficile. Entre le ralentissement du marché automobile, la concurrence chinoise de plus en plus agressive, une gamme de véhicules électriques en retard et des coûts salariaux nettement supérieurs à ceux de ses rivaux, la rentabilité du géant de Wolfsburg est sous pression.

Des analystes estiment que le groupe doit urgemment réduire ses effectifs et rationaliser sa production pour rester dans la course. Mais ces projets passent mal auprès des syndicats pour qui les salariés ne doivent pas être les variables d’ajustement. Avec près de 300 000 employés rien qu’en Allemagne, dont 120 000 pour la seule marque Volkswagen, les enjeux sociaux sont énormes.

Bras de fer en perspective

La direction et les syndicats se dirigent donc vers un bras de fer potentiellement long et éprouvant. Si aucun compromis n’est trouvé, le spectre d’une grève dure plane, ce qui serait du jamais vu chez Volkswagen, habitué à un climat social plutôt apaisé grâce à un dialogue nourri avec les représentants du personnel.

Mais cette fois, l’ampleur des réductions d’effectifs envisagées semble avoir fait sauter les digues. Pour IG Metall, il est hors de question de brader les acquis sociaux durement négociés et de laisser les salariés payer le prix des erreurs stratégiques passées.

« Nous n’accepterons pas de destructions d’emplois et de fermetures d’usines », a martelé Thorsten Gröger, pour qui les économies peuvent se faire « sans licenciements ni baisses de salaires ».

Un premier round de négociations est prévu en fin de semaine entre syndicats et direction. Mais sans concessions majeures de la part de Volkswagen, la mobilisation pourrait s’enraciner et prendre de l’ampleur dans les prochains jours. Une perspective inquiétante pour le premier employeur industriel d’Allemagne qui risque de voir sa production tourner au ralenti dans un contexte économique déjà morose.

L’avenir du « made in Germany » en jeu

Au-delà du cas Volkswagen, c’est tout le modèle industriel allemand et sa réputation de dialogue social abouti qui pourraient être écornés en cas de conflit dur. Déjà fragilisé par les mutations technologiques et les défis environnementaux, le secteur automobile, vital pour l’économie d’outre-Rhin, joue gros dans cette partie de poker menteur engagée avec ses salariés.

La chancelière Angela Merkel et son gouvernement suivent d’ailleurs de très près la situation, conscients des répercussions potentielles sur l’emploi et la croissance. Mais pour l’heure, l’exécutif se garde bien d’interférer dans ce dossier brûlant, laissant les partenaires sociaux face à leurs responsabilités.

Une chose est sûre : l’issue de ce bras de fer chez Volkswagen sera scrutée bien au-delà des frontières allemandes. Car c’est peut-être le futur visage de l’industrie automobile européenne, entre compétitivité et progrès social, qui est en train de se dessiner dans les allées de Wolfsburg et des autres bastions du constructeur. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour un dénouement qui s’annonce incertain et potentiellement lourd de conséquences.

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