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Grève Chez Hennessy : L’Export en Vrac vers la Chine Fait Débat

Près de 600 salariés d'Hennessy se mobilisent contre un projet controversé d'export en vrac vers la Chine. En jeu : l'emploi, le savoir-faire français et l'avenir de la filière cognac. Découvrez les dessous de cette grève sans précédent...

Quand un fleuron du luxe français se retrouve au cœur d’un conflit social. C’est le cas actuellement chez Hennessy, célèbre maison de cognac et filiale du groupe LVMH. Mardi dernier, entre 500 et 600 salariés du site de Cognac ont débrayé pour protester contre un possible projet d’export en vrac vers la Chine. Au cœur des revendications : la défense de l’emploi et du savoir-faire local face aux pratiques commerciales perçues comme une menace.

Un projet qui passe mal auprès des salariés

Selon les syndicats CGT et FO, la direction d’Hennessy envisagerait d’expérimenter l’export de son cognac en cuve, et non plus en bouteilles, afin de contourner les lourdes surtaxes douanières imposées par Pékin, estimées à 35%. Une perspective qui inquiète fortement les salariés. Frédéric Merceron, représentant FO, parle d’une véritable “douche froide” :

“La direction nous a dit vouloir faire des tests sur du vrac en vue d’une future mise en bouteille en Chine effectuée par un prestataire, et non plus en France. On imagine bien les retombées au niveau de l’emploi.”

Pour Matthieu Devers, délégué CGT, ce projet représente “un vrai doigt dans l’engrenage”. Il redoute un effet domino sur l’ensemble du secteur : “C’est une première pour une grande maison. Les autres vont suivre.”

La filière cognac sous pression

Cette polémique intervient dans un contexte déjà tendu pour la filière du cognac, qui emploie 72 500 personnes en France. Ultradépendante des exportations (98% de ses ventes), elle est sur le qui-vive depuis l’ouverture en janvier d’une enquête chinoise sur les eaux-de-vie européennes. Une procédure largement perçue comme une mesure de rétorsion face aux surtaxes de l’UE sur les voitures électriques chinoises.

Depuis le 11 octobre, Pékin impose aux importateurs de brandys européens, dont le cognac représente 95%, de déposer une caution auprès des douanes. Une mesure qui fragilise encore davantage les positions des maisons de cognac sur cet immense marché, deuxième derrière les États-Unis.

Quel avenir pour le “Made in France” ?

Au-delà des enjeux d’emplois, c’est toute la question du maintien des savoir-faire et de la qualité qui est posée. Délocalisée sur le sol chinois, la mise en bouteille échapperait au contrôle des maisons de cognac. Un premier test est d’ailleurs prévu d’ici fin 2024 pour évaluer si le produit reste “qualitatif” après son transport en vrac.

Face à ces défis, le dialogue social se poursuit chez Hennessy, où la grève est reconductible. Mais cette crise fait écho à des problématiques bien plus larges pour le luxe français. Entre guerre commerciale, dumping et quête de nouveaux relais de croissance, les grands noms de l’artisanat tricolore jouent une partition de plus en plus complexe sur l’échiquier mondial. Avec le risque de voir certains piliers de leur identité fragilisés.

Une chose est sûre : au pays du cognac, le projecteur est plus que jamais braqué sur Hennessy. L’issue de ce conflit donnera sans doute le ton des prochains arbitrages au sein d’une filière sous haute tension. En coulisses, c’est tout un modèle et des savoir-faire ancestraux qui sont sur la sellette. Affaire à suivre…

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