Imaginez un bateau de pêche frêle, perdu dans l’immensité de l’océan, défiant la puissance militaire américaine pour stopper des essais nucléaires. Ou encore des militants suspendus à une plateforme pétrolière, risquant leur vie pour alerter le monde. Ces scènes, dignes d’un film d’action, ne sont pas de la fiction : elles racontent l’histoire vraie de Greenpeace, une organisation qui, depuis plus de 50 ans, marque les esprits par ses coups d’éclat. Mais derrière ces images spectaculaires, quelles sont les victoires, les échecs et les controverses qui ont façonné ce géant de l’écologie ?
Greenpeace : Une Légende Née dans l’Action
Tout commence en 1971, dans un élan de courage et d’idéalisme. Un groupe de militants, animés par des valeurs pacifistes et écologistes, décide de frapper fort. Leur cible ? Les essais nucléaires menés par les États-Unis sur une île isolée en Alaska. Leur arme ? Un simple bateau de pêche, le *Phyllis Cormack*. Cette première opération, bien que stoppée par la marine, pose les bases d’une stratégie qui deviendra la marque de fabrique de Greenpeace : des actions directes, visibles, et médiatisées.
1971 : Le Coup d’Envoi en Alaska
Le 15 septembre 1971, ces pionniers embarquent pour Amchitka, un site où des explosions nucléaires menacent l’écosystème. Leur plan est simple mais audacieux : se placer au cœur de la zone pour empêcher les essais. Interceptés avant d’atteindre leur but, ils ne parviennent pas à stopper l’explosion cette fois-là. Pourtant, l’opération n’est pas un échec. La couverture médiatique est massive, et la pression publique pousse Washington à abandonner le site un an plus tard. Une première victoire, symbole d’un mouvement qui ne reculera devant rien.
L’action directe, c’est notre ADN. On ne demande pas la permission pour protéger la planète.
– D’après un militant historique de l’organisation
1985 : Le Drame du Rainbow Warrior
Si l’Alaska a été un baptême du feu, l’affaire du *Rainbow Warrior* en 1985 marque un tournant tragique. Ce chalutier, transformé en outil de lutte contre les essais nucléaires dans le Pacifique, devient la cible d’une opération clandestine. Le 10 juillet, alors qu’il est amarré en Nouvelle-Zélande, deux bombes explosent à son bord. Un photographe perd la vie, et le scandale éclate : les services secrets d’un pays occidental sont derrière l’attaque. Une compensation financière est finalement versée, mais l’incident révèle les risques extrêmes pris par ces militants.
Ce drame ne freine pas Greenpeace. Au contraire, il renforce leur détermination à s’opposer aux grandes puissances, notamment celles qui persistent dans des pratiques jugées destructrices pour l’environnement. L’épisode reste gravé dans les mémoires comme un symbole de leur combat sans compromis.
1983 : La Bataille des Bébés Phoques
Changement de décor : la banquise de Terre-Neuve, en 1983. Cette fois, l’objectif est de protéger les jeunes phoques, prisés pour leur fourrure blanche. Depuis un hélicoptère, les militants traquent les chasseurs et s’interposent devant leurs brise-glaces. Le 2 mars, des images poignantes circulent : des activistes posent avec des bébés phoques dans les bras, face à des navires menaçants. Le message est clair, et il touche le public en plein cœur.
- Résultat concret : La Communauté économique européenne interdit l’importation de peaux de phoques.
- Impact visuel : Les photos deviennent virales, sensibilisant des millions de personnes.
- Stratégie gagnante : Utiliser l’émotion pour influencer les politiques.
Cette victoire montre une facette clé de Greenpeace : leur capacité à transformer des actions risquées en leviers de changement. Mais elle soulève aussi une question : jusqu’où peut-on aller pour défendre une cause ?
2013 : L’Escalade en Arctique
En 2013, Greenpeace s’attaque à un géant de l’énergie dans une région aussi hostile que précieuse : l’Arctique. Le 18 septembre, des militants escaladent une plateforme pétrolière russe pour dénoncer les projets d’exploitation dans cet écosystème fragile. L’opération tourne mal : les 30 membres de l’équipage sont arrêtés et détenus pendant plus de trois mois. La tension monte, les regards du monde entier se braquent sur cette confrontation glacée.
Après d’intenses négociations, les activistes sont libérés. Mais l’épisode divise : certains saluent leur courage, d’autres critiquent une prise de risque excessive. Une chose est sûre : l’Arctique reste un champ de bataille écologique majeur, et Greenpeace n’a pas dit son dernier mot.
2017 : Intrusion à Cattenom
En France, l’organisation ne ménage pas ses efforts contre le nucléaire. Le 12 octobre 2017, à l’aube, des militants pénètrent dans une centrale en Moselle. Leur coup d’éclat ? Tirer un feu d’artifice près d’une zone sensible pour pointer du doigt les failles de sécurité. Cette intrusion s’inscrit dans une longue série d’actions similaires, parfois à bord d’engins improbables comme un ULM.
Date | Lieu | Action |
2012 | Centrale de Bugey | Intrusion en ULM |
2017 | Cattenom | Feu d’artifice |
Mais cette fois, la justice frappe fort : des peines de prison ferme sont prononcées, une première selon l’association. En appel, elles sont converties en amendes, mais le signal est clair : les autorités veulent dissuader ces opérations. Pour Greenpeace, c’est un revers, mais aussi une occasion de relancer le débat sur la sécurité nucléaire.
2019 : Blocage Contre l’Huile de Palme
Le 29 octobre 2019, l’action se déplace près de Marseille. Une cinquantaine de militants, vêtus de combinaisons orange, bloquent l’accès à une bioraffinerie géante. Leur cible : la production de carburant à base d’huile de palme, accusée de ravager les forêts tropicales. En s’enchaînant à des containers, ils paralysent le site et attirent l’attention sur un sujet brûlant : la déforestation.
Cette opération illustre une évolution dans les combats de Greenpeace : au-delà des océans et du nucléaire, l’organisation s’engage contre les industries polluantes à l’échelle mondiale. Mais elle pose aussi une question : ces actions spectaculaires suffisent-elles face à l’ampleur des défis écologiques ?
Un Bilan Contrasté
En plus de 50 ans, Greenpeace a marqué l’histoire de l’écologie. Des bébés phoques sauvés aux essais nucléaires stoppés, leurs victoires sont indéniables. Pourtant, chaque opération soulève des débats : efficacité réelle, légitimité des moyens, coûts humains et financiers. Certains y voient une force visionnaire, d’autres une provocation stérile.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Les actions choc de Greenpeace sont-elles une nécessité ou une mise en scène ?
Une chose est sûre : en défiant les puissants, Greenpeace a redéfini le militantisme écologique. Leur histoire, faite de triomphes et de sacrifices, continue d’inspirer et de diviser. Alors, jusqu’où iront-ils pour protéger notre planète ? L’avenir nous le dira.