C’est un événement sans précédent dans l’histoire des relations gréco-turques. Le jeudi 27 avril, lors d’une cérémonie officielle au Musée Numismatique d’Athènes, la Grèce a restitué à la Turquie un trésor de plus de 1000 pièces de monnaie antiques en argent. Il s’agit du premier rapatriement de ce type entre ces deux pays voisins, dont les rapports sont souvent marqués par des tensions historiques.
Un trésor archéologique retrouvé
Selon la ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, ce trésor composé de 1055 pièces d’argent avait été saisi par les douaniers grecs à la frontière terrestre avec la Turquie en 2019. Elles avaient été importées illégalement sur le territoire grec. D’après les experts, ces pièces faisaient partie d’un stock caché en Asie Mineure, dans l’ouest de la Turquie actuelle, entre la fin du Ve siècle et le début du IVe siècle avant notre ère.
Diversité des pièces restituées
La plupart des pièces rendues à la Turquie sont des tétradrachmes, de grandes pièces d’argent frappées à l’origine à Athènes et largement utilisées en Méditerranée orientale durant l’Antiquité. Mais le trésor comprend également des monnaies provenant de Chypre, des îles grecques d’Égine et de Milos, de cités d’Asie Mineure, du royaume antique de Lydie ou encore de Phénicie. Cette diversité témoigne de la richesse des échanges dans cette région du monde il y a plus de 2400 ans.
La Grèce, fer de lance de la restitution des antiquités
Lors de la cérémonie, la ministre Lina Mendoni a rappelé l’engagement de la Grèce dans la lutte contre le trafic d’antiquités :
Les Grecs sont particulièrement sensibles aux questions de rapatriement. Toutes les antiquités exportées illégalement, quel que soit le pays, doivent retourner dans leur pays d’origine.
La Grèce est en effet engagée de longue date pour la restitution des biens culturels volés, au premier rang desquels les fameux marbres du Parthénon, exposés depuis le XIXe siècle au British Museum de Londres.
Le soutien décisif de la Turquie pour les marbres du Parthénon
Ce premier rapatriement de pièces antiques de la Grèce vers la Turquie intervient quelques mois après un geste fort d’Ankara en faveur d’Athènes. En juin dernier, lors d’une réunion de l’UNESCO à Paris, la directrice du comité turc de lutte contre la contrebande, Zeynep Boz, avait publiquement soutenu la Grèce dans sa quête des marbres du Parthénon.
Elle avait notamment affirmé qu’aucun document, contrairement aux affirmations britanniques, n’avait été trouvé dans les archives ottomanes attestant d’un quelconque décret royal autorisant Lord Elgin, ambassadeur au début du XIXe siècle, à retirer les frises du célèbre temple athénien. Un appui jugé « décisif » par les autorités grecques dans leur combat.
Vers un apaisement des relations gréco-turques ?
Au-delà de son importance pour le patrimoine, cette restitution de pièces antiques marque donc une étape significative dans les relations souvent orageuses entre la Grèce et la Turquie. Ces deux pays, membres de l’OTAN mais aux intérêts géopolitiques divergents, s’opposent régulièrement sur des sujets comme le partage des eaux en Mer Egée, l’avenir de Chypre ou le sort des migrants.
Mais la culture et l’histoire anciennes partagées semblent leur offrir un terrain d’entente. Comme un symbole, ce trésor antique, composé de pièces frappées des deux côtés de la Mer Egée il y a plus de deux millénaires, a voyagé dans le sens inverse des tensions contemporaines, de la Grèce vers la Turquie. Un petit pas pour l’archéologie, un grand pas pour la diplomatie ?
Au-delà de son importance pour le patrimoine, cette restitution de pièces antiques marque donc une étape significative dans les relations souvent orageuses entre la Grèce et la Turquie. Ces deux pays, membres de l’OTAN mais aux intérêts géopolitiques divergents, s’opposent régulièrement sur des sujets comme le partage des eaux en Mer Egée, l’avenir de Chypre ou le sort des migrants.
Mais la culture et l’histoire anciennes partagées semblent leur offrir un terrain d’entente. Comme un symbole, ce trésor antique, composé de pièces frappées des deux côtés de la Mer Egée il y a plus de deux millénaires, a voyagé dans le sens inverse des tensions contemporaines, de la Grèce vers la Turquie. Un petit pas pour l’archéologie, un grand pas pour la diplomatie ?