Les soubresauts politiques se poursuivent en France après la chute du gouvernement de Michel Barnier mercredi dernier. Alors qu’Emmanuel Macron réunit les forces politiques à l’Élysée ce mardi pour tenter de trouver une issue à la crise, le patron du Parti socialiste Olivier Faure lui demande de se mettre en retrait.
Macron sommé de nommer un Premier ministre de gauche
Arrivé à l’Élysée pour la réunion de concertation, Olivier Faure a déclaré devant la presse :
Nous souhaitons qu’Emmanuel Macron ne puisse pas prolonger ce débat sous ses auspices. Il n’est plus en situation aujourd’hui d’être l’arbitre des élégances.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste
Le leader socialiste a appelé le Président à nommer « un Premier ministre de gauche » pour succéder à Michel Barnier. Une position soutenue par les écologistes, qui estiment également que « la suite des discussions devrait plutôt se passer à l’Assemblée », selon Marine Tondelier.
Mélenchon met en garde ses partenaires
De son côté, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui boycotte la réunion à l’Élysée avec le Rassemblement national, a mis en garde ses partenaires du Nouveau Front populaire contre un ralliement à Emmanuel Macron :
Si le NFP est détruit par le ralliement à Macron de nos partenaires, on sait ce que ça nous coûtera. On a besoin que le NFP se maintienne.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise
Il a estimé que le Président « instrumentalise » les partis de gauche et « gagne des points à chaque heure qui passe ». LFI et le RN étant absents des discussions, le chef de file des Insoumis espère que ses alliés « sont allés à la réunion à l’Élysée en ayant à l’esprit d’en claquer la porte ».
Une présidentielle anticipée à l’horizon ?
Alors que le pays traverse une crise politique majeure, Jean-Luc Mélenchon semble déjà se projeter vers une élection présidentielle anticipée. Ses troupes seraient en train de « quadriller » le territoire pour récolter les 500 parrainages d’élus nécessaires à une candidature.
Il faut se préparer et agir vite.
Jean-Luc Mélenchon
Le leader Insoumis est persuadé que seul un retour aux urnes permettra de sortir de l’impasse politique actuelle. Mais cette option semble pour l’heure écartée par Emmanuel Macron.
Michel Barnier présidera un dernier Conseil des ministres
Malgré sa démission, Michel Barnier n’a pas encore quitté Matignon. Il présidera ce mercredi un probable dernier Conseil des ministres pour présenter un projet de « loi spéciale » sur le budget.
Ce texte, qui permettra à l’État de lever l’impôt à partir du 1er janvier dans l’attente d’un budget pour 2025, sera examiné lundi à l’Assemblée. Son adoption ne fait guère de doute, mais repousse encore la nomination d’un nouveau Premier ministre.
L’espoir d’un « pacte de non-agression » entre les partis
En réunissant les partis politiques ce mardi, Emmanuel Macron espère « avancer sur un accord concernant une méthode » pour la nomination d’un nouveau chef de gouvernement, selon son entourage. Une manière aussi de renvoyer la balle aux forces politiques, qui rechignent à jouer le jeu.
Six jours après la censure de Michel Barnier, le Président semble naviguer à vue pour sortir de l’ornière. Les partis parviendront-ils à s’entendre sur un « pacte de non-agression » en vue de la formation d’un nouveau gouvernement ? Rien n’est moins sûr tant les positions semblent irréconciliables à ce stade.
Les gens nous disent merci d’avoir renversé le gouvernement.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée
Pendant ce temps, les députés assurent que les Français les « remercient » d’avoir fait tomber le gouvernement Barnier. Mais entre « frustration et méfiance », beaucoup naviguent encore « entre deux eaux », en attendant de voir comment la crise va se dénouer. Une seule certitude : le feuilleton politique est loin d’être terminé.