Deux mois et demi après des élections législatives n’ayant pas dégagé de majorité nette, le président Emmanuel Macron vient d’écarter l’hypothèse d’un gouvernement issu du Nouveau Front populaire (NFP), malgré l’obtention par ce dernier du plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale. Une décision justifiée au nom de la « stabilité institutionnelle », mais qui passe très mal auprès des forces de gauche.
Ruffin fulmine contre Macron
Parmi les plus virulents, le député de la Somme François Ruffin a livré une analyse cinglante dans une interview accordée à Libération. Pour l’ancien Insoumis, le président « croit gagner, en minable Machiavel, mais il fait perdre le pays et la démocratie ». Il l’accuse de poursuivre « dans le déni, comme s’il n’avait pas essuyé une défaite, comme s’il détenait les manettes ».
Un constat d’autant plus amer pour Ruffin qu’il n’y voit « rien de neuf sous le roi-Soleil de Macron ». Il énumère les précédents, des Gilets jaunes aux retraites en passant par le Covid, déplorant une gestion marquée par l’autoritarisme et le mépris du dialogue.
Le « bloc libéral » accusé de s’accrocher au pouvoir
Au-delà de Macron, c’est tout un « bloc libéral » que Ruffin voit perdre du terrain. « Le bloc libéral perd la main, et comme quand le sable s’échappe, il faut serrer encore plus fort pour le retenir », analyse-t-il, persuadé que sa gauche, « plus sociale que sociétale », aurait « gagné sur le terrain idéologique ».
Aujourd’hui, le souci, c’est de mettre une limite à Macron, à son hubris.
François Ruffin, député de la Somme
Un revers électoral lourd de conséquences
Car pour l’ancien réalisateur, le revers subi par le camp présidentiel aux législatives serait directement la cause du « bond » effectué par le Rassemblement national, qui a réuni 11 millions de voix. Une manière selon lui de sanctionner une politique menée « sans prudence » depuis la victoire relative de 2022.
Un avertissement pour l’avenir ? François Ruffin le pense, affirmant que désormais, l’enjeu est de « refermer la parenthèse libérale ouverte en 1983 » avec le tournant de la rigueur de François Mitterrand. Le bras de fer entre l’Élysée et la gauche pour Matignon ne fait sans doute que commencer.