En coulisses, c’est l’effervescence. Nommé premier ministre le 13 décembre après un véritable coup de théâtre politique, François Bayrou s’active pour présenter son gouvernement avant les fêtes de fin d’année. Une course contre la montre rythmée par d’intenses tractations avec les différentes forces politiques, dans l’espoir de former une équipe resserrée et ouverte.
Un casse-tête pour le nouveau locataire de Matignon
Depuis sa nomination, le patron du MoDem enchaîne les rendez-vous pour convaincre et rassembler, tout en essayant de se démarquer de son prédécesseur Michel Barnier. Un exercice périlleux au vu des équilibres subtils à trouver. Marc Fesneau, président des députés Modem, se veut rassurant dans les colonnes de La Tribune Dimanche :
Cela avance. La structuration des grands pôles ministériels est fixée.
Selon lui, la liste complète de l’équipe gouvernementale devrait être dévoilée « en une seule fois » et « avant Noël ». Le temps presse donc pour François Bayrou, qui doit composer avec les ambitions des uns et les réticences des autres.
Les Républicains divisés sur une participation
Du côté de la droite, c’est le grand flou. Si Les Républicains semblent s’orienter vers une participation au gouvernement, leur chef de file Laurent Wauquiez a décliné l’offre qui lui était faite, comme il l’a annoncé à ses troupes samedi. Une décision motivée par l’absence d’engagement écrit sur une feuille de route, notamment concernant les impôts.
Malgré ce refus, le parti n’a pas dit son dernier mot et attend des garanties de la part du nouveau premier ministre avant de trancher. Une réunion décisive pourrait avoir lieu dans les prochaines heures pour clarifier la position de LR.
François Rebsamen, un soutien de poids à gauche
François Bayrou peut en revanche compter sur un renfort de taille. L’ancien ministre socialiste François Rebsamen a en effet annoncé être « prêt à s’engager » à ses côtés, louant leur « relation de confiance » forgée de longue date. Une déclaration qui résonne comme un appel du pied au premier ministre, mais aussi comme une main tendue en direction du PS :
J’appelle tous ceux qui font passer l’intérêt du pays avant leur intérêt personnel à participer au gouvernement, ou au moins à rejoindre une large union d’intérêt général.
À 73 ans, celui qui vient de quitter ses fonctions de maire de Dijon entend peser de tout son poids pour favoriser un rassemblement au-delà des clivages partisans. Reste à savoir si son initiative suffira à convaincre un PS plus que réticent jusqu’ici.
Vers un gouvernement de mission ?
Au-delà des personnalités, c’est le périmètre et la feuille de route de la future équipe qui cristallisent les discussions. Parmi les pistes évoquées, celle d’un gouvernement resserré, articulé autour de grandes priorités comme l’éducation, la santé ou encore la transition écologique.
Une approche qui trancherait avec les « gouvernements pléthoriques » dénoncés par François Bayrou par le passé, et qui pourrait faciliter les rapprochements. Mais gare aux frustrés et aux déçus, qui risquent de se compter par dizaines au moment de l’annonce tant attendue.
Les prochaines heures décisives
Alors que Noël approche à grands pas, l’ultimatum fixé par François Bayrou arrive à échéance. Les prochaines heures s’annoncent cruciales pour boucler un gouvernement qui se veut à la fois efficient et rassembleur, dans un contexte politique particulièrement morcelé.
Le premier ministre, connu pour son sens du dialogue, joue gros sur ce coup. En cas de réussite, il pourrait poser les bases d’une nouvelle méthode de gouvernance, plus transpartisane. Mais en cas d’échec ou de déceptions trop grandes, c’est une crise politique majeure qui pourrait s’ouvrir.
Une chose est sûre, François Bayrou va devoir mobiliser tout son savoir-faire politique et son réseau pour accoucher dans les temps d’un exécutif à son image. Un défi de taille pour ce vieux routier de la politique, qui rêvait de Matignon depuis des années et doit maintenant assumer cette lourde responsabilité dans un contexte pour le moins compliqué.
Réponse dans les heures qui viennent, avec une annonce qui sera scrutée par tout le landerneau politique. En attendant, les spéculations et les supputations vont bon train dans les couloirs de la République…
