En ce mardi 24 décembre, à la veille de Noël, le nouveau gouvernement formé par le Premier ministre François Bayrou prend ses fonctions. Une prise de poste anticipée, alors que la nouvelle équipe a été annoncée in extremis avant les fêtes. Les ministères vont ainsi connaître un changement de décor express, tandis que planent déjà sur ce gouvernement les menaces de motions de censure à l’Assemblée.
La surprise Bayrou pour bousculer le jeu politique
En nommant son gouvernement d’urgence avant Noël, François Bayrou a voulu créer la surprise et s’offrir une fenêtre politique pour installer son équipe. Un casting marqué par le retour de figures connues, qu’il veut gage de solidité et d’expérience pour affronter une rentrée parlementaire agitée en janvier.
Parmi les ministres les plus scrutés, on retrouve deux anciens Premiers ministres :
- Élisabeth Borne, nommée ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur
- Manuel Valls, qui hérite du portefeuille des Outre-mer
Autre figure marquante de ce remaniement, Gérald Darmanin fait son retour et prend la tête du ministère de la Justice, en tant que Garde des Sceaux.
Passations de pouvoir sous le sapin
C’est donc un ballet de passations de pouvoir qui s’orchestre ce mardi dans les ministères. Selon des sources proches du gouvernement, ces cérémonies permettront de préciser la feuille de route de chacun des ministres, en vue des premiers conseils des ministres prévus début janvier.
Si la nomination d’Elisabeth Borne rue de Grenelle ne suscite pas de réelle surprise, étant donné son expérience passée à Matignon, celle de Manuel Valls aux Outre-mer interpelle davantage. L’ancien Premier ministre, éloigné de la politique hexagonale ces dernières années, aura fort à faire pour imprimer sa marque sur ce portefeuille sensible.
Heureusement que le ridicule ne tue pas, car François Bayrou a réuni la coalition de l’échec.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national
L’ombre de la censure plane déjà sur Matignon
Si François Bayrou a voulu « un collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance », son gouvernement soulève déjà une levée de boucliers chez les oppositions. Le Rassemblement national dénonce « une coalition de l’échec », quand le patron du Parti socialiste fustige un gouvernement de « droite extrême ».
Autant d’attaques qui présagent d’une rentrée parlementaire sous haute tension pour le nouveau locataire de Matignon. Plusieurs groupes politiques ont d’ailleurs déjà fait savoir qu’ils déposeraient une motion de censure à l’occasion de la déclaration de politique générale de François Bayrou, prévue le 14 janvier prochain.
Le Premier ministre, qui a indiqué hier soir qu’il ne solliciterait pas la confiance des députés, semble parier sur le poids politique de son équipe pour éviter un renversement express. Un duel qui pourrait rapidement tourner au bras de fer entre l’exécutif et une Assemblée nationale plus fragmentée que jamais.
Un baptême du feu budgétaire
D’autant que le premier test grandeur nature pour le gouvernement Bayrou sera l’examen du budget 2025. À Bercy, c’est Éric Lombard, ancien directeur de la Caisse des Dépôts, qui a pris les rênes du ministère de l’Économie. Dès sa prise de fonction hier soir, il a averti que la priorité serait de « traiter notre mal endémique, le déficit ».
Un cap budgétaire qui s’annonce périlleux, alors que le précédent gouvernement de Michel Barnier a été renversé le 4 décembre dernier, justement sur le vote de la loi de finances. François Bayrou joue gros sur sa capacité à faire adopter un nouveau budget, pour assoir sa légitimité à Matignon et prendre véritablement les commandes de la politique du pays.
Bousculé par un agenda politique et social chargé, entre réforme des retraites, crise énergétique et pouvoir d’achat dégradé, François Bayrou n’aura que peu de temps pour faire ses preuves. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’avenir de ce nouveau gouvernement, suspendu au bon vouloir des députés et de l’opinion. Le pari osé d’un rebond politique pour François Bayrou, qui va devoir composer avec un héritage empoisonné.