Un nouveau front diplomatique s’est ouvert au Moyen-Orient ce lundi, alors que la Jordanie a vigoureusement dénoncé le déploiement, la veille, de l’armée israélienne dans la zone tampon du plateau du Golan, situé dans le sud-ouest de la Syrie et adjacent à la partie occupée par Israël depuis 1967.
Aymane Safadi, ministre jordanien des Affaires étrangères, n’a pas mâché ses mots devant le Parlement à Amman. « Nous condamnons fermement l’entrée d’Israël sur le territoire syrien et sa prise de contrôle de la zone tampon », a-t-il déclaré, qualifiant cette action d' »agression », de « violation du droit international », d' »escalade inacceptable » et d' »atteinte à la souveraineté d’un État arabe ».
Une zone hautement stratégique et disputée
Le plateau du Golan, territoire syrien stratégique surplombant Israël, le Liban et la Jordanie, est au cœur des tensions régionales depuis des décennies. Israël a conquis une partie du Golan lors de la guerre des Six Jours en 1967, avant de l’annexer en 1981, une annexion jamais reconnue par la communauté internationale. En 1974, à la suite de la guerre du Kippour, une force de l’ONU avait été déployée dans une zone tampon pour surveiller le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie.
Un contexte syrien chaotique
La situation a pris un nouveau tournant dimanche, lorsque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé avoir ordonné à son armée de « prendre le contrôle » de la zone tampon, quelques heures à peine après la chute du président syrien Bachar al-Assad face à l’offensive éclair de groupes rebelles. Selon M. Netanyahu, l’accord de cessez-le-feu avec la Syrie « s’est effondré » et Israël « ne permettra à aucune force hostile de s’établir à [sa] frontière ».
Une « mesure limitée et temporaire » pour Israël
De son côté, le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar s’est voulu rassurant ce lundi, assurant que l’avancée des troupes dans la zone tampon était une « mesure limitée et temporaire ». Mais ces propos n’ont visiblement pas convaincu la Jordanie, pour qui l’unité, l’intégrité territoriale et la cohésion de la Syrie « inclut également ses frontières avec Israël ».
Les craintes d’une nouvelle escalade régionale
Cette crise soudaine autour du Golan fait craindre une nouvelle flambée de tensions dans une région déjà fortement ébranlée par le conflit syrien et ses répercussions géopolitiques. La Jordanie, qui partage des frontières à la fois avec Israël et la Syrie, redoute de se retrouver prise en étau et de voir sa propre stabilité menacée par une potentielle confrontation entre les deux voisins.
Selon des sources diplomatiques, des consultations d’urgence seraient en cours entre Amman, Damas et d’autres capitales arabes pour tenter de désamorcer la crise et d’éviter une escalade dangereuse. Mais avec la chute brutale du régime Assad et le chaos qui règne actuellement en Syrie, les marges de manœuvre semblent bien minces. Tous les regards sont désormais braqués sur le Golan, nouveau point chaud d’un Moyen-Orient décidément en ébullition.