Le très attendu Gladiator 2, suite du péplum culte de Ridley Scott sorti en 2000, fait déjà couler beaucoup d’encre. Non pas pour ses qualités cinématographiques, mais pour ses nombreuses libertés prises avec la vérité historique. Des universitaires spécialistes de l’Antiquité montent au créneau pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme des incohérences inacceptables.
Des scènes anachroniques qui font tiquer les experts
Shardi Bartsch, professeure de lettres classiques à l’université de Chicago, ne mâche pas ses mots après avoir visionné la bande-annonce. Pour elle, certains éléments relèvent du « bullshit hollywoodien ». Elle pointe notamment du doigt une scène où un noble romain boit un café en lisant le journal, deux choses qui n’existaient pas à l’époque.
Ils avaient des nouvelles quotidiennes, les Acta Diurna, mais elles étaient sculptées et placées à des endroits précis. Il fallait y aller, on ne pouvait pas les tenir dans un café. Et puis, il n’y avait pas de café !
Shardi Bartsch, professeure à l’université de Chicago
Un gladiateur chevauchant un rhinocéros : un combat improbable
La professeure Bartsch relève une autre bizarrerie dans la bande-annonce : un gladiateur apparaît sur le dos d’un rhinocéros. Si elle confirme qu’un texte antique mentionne bien un affrontement entre un rhinocéros et un taureau au Colisée, rien ne prouve en revanche que des hommes montaient ces animaux comme des chevaux.
C’est pour toi, ô César, que ce rhinocéros exposé dans l’arène a livré un combat qu’on n’attendait pas de lui. Oh ! de quelles terribles fureurs il était embrasé en abaissant sa tête ! Avec quelle force il faisait agir sa corne, pour laquelle le taureau n’était qu’un mannequin !
Martial, poète romain, Ier siècle
Des requins dans la naumachie ? Peu probable selon les historiens
La présence d’un requin lors d’une bataille navale reconstituée, ou naumachie, a également interpellé Shardi Bartsch. « Je ne pense pas que les Romains aient su ce qu’était un requin », déclare-t-elle, mettant en doute la véracité de cette scène.
Ridley Scott a balayé cet argument d’un revers de main dans une interview : « Si tu peux construire un Colisée, tu peux le remplir d’eau. Tu peux attraper quelques requins dans un filet depuis la mer. » Une réponse qui ne convainc pas les spécialistes.
D’autres erreurs historiques relevées par les universitaires
Éric Teyssier, professeur d’histoire romaine à l’Université de Nîmes et expert de la gladiature, a également noté des inexactitudes :
- Les empereurs Caracalla et Geta sont présentés comme trop proches, alors qu’ils n’ont cessé de comploter l’un contre l’autre jusqu’à ce que Caracalla assassine son frère.
- La présence de rhinocéros et babouins face aux gladiateurs est jugée peu crédible, les fauves étant généralement réservés aux chasses et non aux combats.
Gladiator 2 : un divertissement avant tout ?
Malgré ces critiques, il convient de rappeler que Ridley Scott n’a jamais prétendu faire un documentaire historique. Comme pour le premier Gladiator, il s’inspire librement de l’Antiquité pour offrir un grand spectacle au public.
Le cinéaste britannique assume totalement sa part de fantaisie et d’invention, estimant que c’est son rôle de réalisateur que de transcender la réalité pour créer de la magie à l’écran. Reste à savoir si les spectateurs adhéreront à sa vision, aussi romancée soit-elle.
Une chose est sûre : ces polémiques ne font qu’attiser la curiosité autour de Gladiator 2. Ridley Scott réussira-t-il à réitérer l’exploit du premier volet malgré ces entorses à la vérité historique ? Réponse dans les salles obscures dès le 13 novembre.
