Alors que le vignoble bordelais traverse une crise sans précédent, l’État vient d’annoncer une deuxième salve d’aides à l’arrachage des vignes en Gironde. Déjà, lors d’une première vague fin 2023, ce sont près de 8000 hectares qui avaient fait l’objet d’une demande de prime à l’arrachage. Cette fois-ci, la préfecture a indiqué que le nouveau guichet de dépôt des dossiers, ouvert jusqu’au 31 mars 2025, permettra de financer l’arrachage d’au moins 1000 hectares supplémentaires.
Un soutien financier crucial pour les viticulteurs en difficulté
Face à l’ampleur de la crise viticole qui secoue le Bordelais, de nombreux viticulteurs peinent à vendre leur vin. Pour les aider à surmonter ces difficultés, l’État a donc décidé de débloquer un budget conséquent. Chaque hectare arraché donnera droit à une prime de 6000 euros. Au total, ce sont ainsi 30 millions d’euros minimum qui seront déboursés sur deux ans pour financer ce plan de soutien à la filière, un montant qui pourra grimper jusqu’à 38 millions « en fonction des besoins ».
Des conditions d’éligibilité pour bénéficier de la prime
Pour prétendre à cette aide, les parcelles de vignes candidates à l’arrachage devront remplir certains critères, variant selon la date de dépôt du dossier :
- Avant le 1er août 2024 : vignes récoltées pour la dernière fois en 2022 et plantées au plus tard en 2017/2018
- À partir du 1er août 2024 : parcelles récoltées en 2023 et plantées au plus tard en 2018/2019
Une reconversion vers le boisement ou des zones naturelles
En contrepartie du versement de la prime à l’arrachage, les viticulteurs s’engagent à boiser ou convertir en zone naturelle les parcelles concernées. Une façon de valoriser ces terres autrement, dans une optique plus écologique, tout en permettant aux exploitants de se reconvertir.
On est dans une logique d’accompagnement de la filière et de préservation de l’environnement. L’idée est vraiment d’aider les viticulteurs à passer ce cap difficile, en leur donnant les moyens d’arracher les vignes qui ne sont plus rentables pour se tourner vers d’autres activités.
Un responsable de la préfecture de Gironde
Un avenir en pointillé pour le vignoble bordelais
Si ce plan de soutien apparaît salvateur à court terme pour de nombreux viticulteurs girondins, il interroge aussi sur le futur du célèbre vignoble bordelais. Avec déjà 8000 hectares arrachés lors de la première vague, auxquels s’ajouteront au moins 1000 hectares supplémentaires, c’est une part non négligeable du vignoble qui est vouée à disparaître.
Une situation préoccupante, reflet des importantes difficultés que traverse la filière viticole girondine. Entre mévente, concurrence internationale et dérèglement climatique, les défis sont nombreux. La prime à l’arrachage apparaît certes comme une bouffée d’oxygène bienvenue, mais elle ne saurait suffire à régler sur le fond les problèmes structurels du secteur. L’avenir du vignoble bordelais reste plus que jamais à écrire.