Une page se tourne au Ghana. Le candidat de l’opposition, John Mahama, a créé la surprise en remportant l’élection présidentielle avec 56% des suffrages. Un résultat qui met fin à huit années de gouvernance du New Patriotic Party (NPP) et permet au National Democratic Congress (NDC) de reprendre les rênes du pouvoir.
Le vice-président sortant et candidat du NPP, Mahamudu Bawumia, avait pourtant reconnu sa défaite dès dimanche, au lendemain du scrutin. Mais il aura fallu attendre lundi et l’annonce officielle de la Commission électorale pour que la victoire de John Mahama soit entérinée. Une consécration pour cet homme de 66 ans qui retrouve ainsi le fauteuil présidentiel qu’il avait occupé de 2012 à 2017.
Un nouveau duo à la tête du Ghana
Aux côtés de John Mahama, c’est une figure féminine qui fait son entrée à la vice-présidence. Jane Naana Opoku-Agyemang, ancienne ministre de l’Éducation, devient en effet la première femme à accéder à ce poste au Ghana. Un symbole fort dans ce pays ouest-africain.
Le nouveau président élu a d’ores et déjà fixé ses priorités : relancer l’économie et mettre en place des réformes anti-corruption. Des promesses qui devront rapidement se traduire en actes pour répondre aux attentes de la population ghanéenne.
Un scrutin marqué par une participation en baisse
Si l’élection s’est globalement déroulée dans le calme, elle a cependant été marquée par une participation en net recul par rapport au précédent scrutin de 2020. Seuls 60,9% des électeurs se sont en effet déplacés aux urnes, contre 79% il y a quatre ans. Un taux d’abstention record qui interroge sur le désenchantement des Ghanéens vis-à-vis de la politique.
Le lourd héritage économique du président sortant
La défaite du NPP sanctionne en premier lieu le bilan économique très mitigé du président sortant Nana Akufo-Addo. Son dernier mandat a en effet été marqué par la pire crise économique traversée par le pays depuis des années. Face à une inflation et un endettement record, le Ghana a même dû se résoudre à emprunter 3 milliards de dollars au FMI.
Malgré une amélioration de certains indicateurs ces derniers mois, les difficultés économiques sont restées au cœur des préoccupations des électeurs. Un défi de taille attend donc John Mahama qui devra redresser rapidement la barre pour ne pas décevoir.
Le Ghana, modèle démocratique de l’Afrique de l’Ouest
Au-delà des enjeux économiques, cette présidentielle confirme surtout le statut particulier du Ghana en Afrique de l’Ouest. Considéré comme la locomotive économique de la région et un pôle d’investissements majeur, le pays est surtout un modèle de démocratie et de stabilité sur un continent marqué par les coups d’État et les crises politiques à répétition.
Depuis le retour du multipartisme en 1992, les deux principaux partis ghanéens, le NDC et le NPP, se sont en effet toujours partagés le pouvoir de manière apaisée. Une exception démocratique que beaucoup de pays voisins regardent avec envie.
Les défis du nouveau président
John Mahama a désormais quatre ans devant lui pour tenir ses promesses et répondre aux immenses attentes placées en lui. Au-delà de la relance économique, il devra aussi s’atteler à un autre chantier de taille : la lutte contre la corruption qui gangrène la société ghanéenne.
Le nouveau président l’a martelé pendant sa campagne, il compte faire de ce combat une priorité absolue. Mais il sait aussi que la tâche sera ardue et que les résistances seront nombreuses, y compris dans son propre camp. D’après une source proche de son équipe, John Mahama aurait déjà ciblé plusieurs dossiers sensibles et compterait lancer rapidement des réformes pour assainir la vie publique.
L’alternance est donc de retour au Ghana. Mais au-delà du symbole, ce sont les actes qui seront scrutés de près dans les prochains mois. John Mahama a les cartes en main pour réussir son retour au pouvoir et poursuivre la success story ghanéenne. À lui maintenant de transformer l’essai.
