C’est un procès qui était très attendu. Le premier concernant un géant du cinéma français depuis le début du mouvement MeToo. Mais ce lundi 28 octobre, un rebondissement de taille est venu perturber l’ouverture de l’audience. Gérard Depardieu, monstre sacré du 7ème art visé par de nombreuses accusations de violences sexuelles, sera finalement absent des bancs du tribunal correctionnel de Paris où il devait être jugé pour agressions sexuelles sur deux femmes. Son avocat, maître Jérémie Assous, a annoncé que le comédien de 75 ans ne pourrait pas être présent « pour raisons de santé » et qu’il entendait demander le renvoi du procès.
L’acteur mis en examen pour viols dans une autre affaire
Ce n’est pas la première fois que l’ombre des affaires plane au-dessus de la carrière de Gérard Depardieu. Fin avril, le comédien s’était déjà vu remettre une convocation devant le tribunal « pour des agressions sexuelles susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film Les volets verts de Jean Becker », avait alors indiqué le parquet. Mais l’acteur est également mis en examen pour viols dans une autre affaire, sur la personne de la comédienne Charlotte Arnould.
Une plainte déposée par une décoratrice de cinéma
Concernant le procès qui aurait dû s’ouvrir ce lundi, l’une des deux femmes ayant porté plainte est une décoratrice de cinéma de 55 ans. Selon son récit, relayé par le site d’investigation Mediapart, les faits se seraient déroulés en septembre 2021 dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, en marge du tournage des Volets verts. Gérard Depardieu aurait d’abord tenu des propos déplacés, assurant pouvoir « faire jouir les femmes sans les toucher », avant de l’attraper « avec brutalité » alors qu’elle quittait le plateau une heure plus tard. L’acteur l’aurait « bloquée en refermant ses jambes sur [elle] comme un crabe », puis lui aurait « pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à [ses] seins ».
Quand des producteurs engagent Depardieu sur un film, ils savent qu’ils engagent un agresseur.
Anouk Grinberg, actrice ayant témoigné sur le tournage des Volets verts
Une assistante-réalisatrice également partie civile
Lors de l’audience de ce lundi, Gérard Depardieu aurait également dû répondre d’accusations de violences sexuelles dénoncées par une autre femme, assistante-réalisatrice sur Les Volets verts. Selon sa consœur Anouk Grinberg, « du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries » durant le tournage du film. Choquée, l’actrice ne mâche pas ses mots : « Quand des producteurs engagent Depardieu sur un film, ils savent qu’ils engagent un agresseur.
Report du procès : un nouveau coup dur pour les victimes présumées
Contactée par l’AFP, une source proche du dossier a confié que les avocats des parties civiles avaient été informés ce week-end de la volonté de Gérard Depardieu de ne pas se présenter à l’audience, officiellement pour des raisons médicales. Un nouveau coup dur pour les victimes présumées, qui attendent ce procès depuis de longs mois et espéraient que la justice fasse enfin toute la lumière sur ces accusations de violences sexuelles qui empoisonnent le cinéma français depuis maintenant plusieurs années.
Si le renvoi du procès est accordé par le tribunal, une nouvelle date d’audience devra être fixée, repoussant d’autant ce moment de vérité judiciaire. Les avocats de l’acteur, qui conteste les faits reprochés, n’ont pas souhaité faire de commentaires avant l’audience. Affaire à suivre, donc, dans ce dossier emblématique de l’ère post-MeToo. Un dossier qui illustre toute la difficulté à faire condamner les puissants à une époque où la parole des femmes se libère.
