En ce jour de Noël, alors que la plupart des Français profitent des festivités en famille, certains sont sur le pont pour assurer la continuité du service public. C’est notamment le cas des magistrats, greffiers et surveillants pénitentiaires, que le nouveau ministre de la Justice Gérald Darmanin a tenu à rencontrer lors de son premier déplacement officiel, au lendemain de sa prise de fonction Place Vendôme.
Une tournée des tribunaux et prisons pour donner le ton
Nommé Garde des Sceaux le 24 décembre par le Premier ministre François Bayrou, Gérald Darmanin n’a pas attendu pour imprimer sa marque. Dès le 25 au matin, l’ancien ministre de l’Intérieur a pris la direction des Hauts-de-France pour une visite au tribunal d’Amiens puis au centre pénitentiaire de Liancourt dans l’Oise.
D’après une source proche du ministre, ces déplacements visent à envoyer un message clair : la Justice sera une priorité absolue du nouveau gouvernement, avec une ligne de « détermination, sévérité et fermeté », dixit Gérald Darmanin lui-même lors de son discours de passation de pouvoir. Un ton musclé qui tranche avec celui plus apaisé de Didier Migaud, son prédécesseur pendant seulement 3 mois.
Un focus attendu sur les violences et le trafic de drogue
Parmi les mesures fortes d’ores et déjà annoncées par le ministre : des instructions données aux procureurs pour engager des poursuites systématiques contre les violences faites aux personnes, en particulier aux femmes et aux enfants, ainsi qu’une lutte acharnée contre le « séparatisme islamiste » et le « narcobanditisme ».
Dans les prochains jours, les procureurs recevront des instructions pour engager des poursuites aux violents faites aux personnes, aux femmes et aux enfants, contre séparatisme islamique, contre le narcobanditisme et trafic de drogue , la priorité absolue.
Gérald Darmanin, 24 décembre 2024
Des orientations qui ne surprennent guère de la part de cet ex-sarkozyste, tenant d’une ligne sécuritaire. Mais leur mise en œuvre concrète et les moyens alloués restent à préciser. Le ministre a d’ores et déjà indiqué vouloir travailler « main dans la main » avec son successeur Place Beauvau, signe que la politique pénale sera intimement liée aux priorités du ministère de l’Intérieur.
La pression des syndicats pour plus de moyens
Si les premières prises de parole de Gérald Darmanin sont scrutées par le monde judiciaire, c’est que les attentes et les inquiétudes sont immenses dans une institution à bout de souffle. Sous-effectifs chroniques, surpopulation carcérale, délais de jugement à rallonge… Les maux de la Justice française sont connus et documentés de longue date.
Les syndicats de magistrats et de surveillants n’ont d’ailleurs pas attendu pour mettre la pression sur le nouveau ministre, lui réclamant des moyens supplémentaires d’urgence et des réformes de fond. Des revendications relayées par des parlementaires de tous bords, conscients que l’action judiciaire est un maillon essentiel de la chaîne pénale et de la lutte contre la délinquance.
Une feuille de route à clarifier
Au-delà des effets d’annonce, Gérald Darmanin va donc devoir rapidement décliner une feuille de route claire et chiffrée pour son ministère. Outre les moyens budgétaires et humains, de nombreux chantiers l’attendent comme la révision de la procédure pénale, la refonte du renseignement pénitentiaire ou encore l’amélioration des conditions de détention.
Autant de défis immenses pour celui qui, du haut de ses 40 ans, incarne un nouveau visage de la droite au gouvernement. Mais aussi une opportunité unique de marquer l’action publique de son empreinte, alors que son nom circule déjà pour Matignon voire l’Élysée. À condition de réussir son baptême du feu Place Vendôme et d’éviter le sort de ses nombreux prédécesseurs, broyés par la machine judiciaire. Verdict dans les prochains mois.