Tout juste nommé ministre de la Justice, Gérald Darmanin n’a pas perdu de temps pour dévoiler ses priorités. Au cœur de ses préoccupations : la lutte contre le narcobanditisme et la surpopulation carcérale. L’ancien ministre de l’Intérieur entend frapper fort avec des mesures chocs, à commencer par l’isolement des 100 plus grands narcotrafiquants actuellement incarcérés en France.
Un isolement « inspiré du modèle appliqué aux terroristes »
Ce placement à l’isolement ne sera pas un isolement classique, a tenu à préciser le garde des Sceaux. Il sera calqué sur le modèle appliqué aux terroristes, afin de couper court à toute velléité de poursuivre leurs trafics depuis leur cellule. Une manière de neutraliser les têtes pensantes des réseaux.
J’ai demandé à l’administration pénitentiaire de me faire la liste des 100 plus grands narcotrafiquants écroués, ceux susceptibles d’avoir des contacts à l’extérieur pour poursuivre leurs activités criminelles et nous les mettrons à l’isolement, comme on le fait pour les terroristes.
Gérald Darmanin, ministre de la Justice
Faire exécuter les petites peines de prison
Autre cheval de bataille de Gérald Darmanin : faire en sorte que les petites peines de prison, jusqu’ici rarement exécutées, soient réellement purgées. Pour cela, il mise sur la création de nouvelles places de prison dédiées aux très courtes peines. Des établissements de petite taille, « plus faciles à construire et plus acceptables pour les élus locaux », argue-t-il.
Le ministre souhaite ainsi que les personnes condamnées à « quelques mois, semaines voire jours » de détention soient systématiquement écrouées. Une façon selon lui de lutter contre le sentiment d’impunité et la récidive. Mais cette politique est loin de faire l’unanimité chez les professionnels de la justice et les associations, qui craignent une aggravation de la surpopulation carcérale.
Un « volontarisme » affiché pour réformer la justice
Déterminé à imprimer sa marque, Gérald Darmanin affirme son « volontarisme » et sa volonté de se « battre » pour obtenir les moyens de son action Place Vendôme. Sa nomination comme ministre d’État, au 3ème rang protocolaire du gouvernement, lui donne du poids pour peser dans les arbitrages budgétaires à venir.
Parmi ses autres chantiers prioritaires, figurent :
- La réduction des délais d’audiencement des procès
- Le renforcement de la lutte contre les violences faites aux femmes
- L’amélioration des conditions de détention et de travail des personnels pénitentiaires
Des annonces attendues, des moyens à confirmer
Si les premières annonces de Gérald Darmanin donnent le ton d’une politique pénale ferme, de nombreuses questions demeurent en suspens. Comment financer la construction de nouvelles places de prison tout en améliorant les conditions de détention ? Quelle place pour les alternatives à l’incarcération et la réinsertion des détenus ?
Surtout, le garde des Sceaux parviendra-t-il à obtenir les moyens humains et budgétaires nécessaires pour mettre en musique ses réformes ? Réponse dans les prochains mois, avec l’examen du budget de la justice pour 2025. D’ici là, Gérald Darmanin aura fort à faire pour convaincre de son volontarisme et rassurer une institution judiciaire en souffrance.
Une chose est sûre : en nommant cet homme politique énergique et médiatique à la tête d’un ministère régalien aussi exposé, l’exécutif envoie un signal fort. Celui d’une volonté de changement pour une justice plus efficace et plus sévère. Reste à savoir si les actes seront à la hauteur des paroles.