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Geraint Thomas Devient Directeur Course chez Ineos

Geraint Thomas raccroche le vélo… mais reste chez Ineos. Le Gallois de 39 ans devient « directeur course » aux côtés de Dave Brailsford qui reprend la main. Quel sera son rôle exact ? Et surtout, comment compte-t-il aider la nouvelle génération, à commencer par Kévin Vauquelin ?

Il y a des adieux qui n’en sont pas vraiment. Quand Geraint Thomas a franchi la ligne d’arrivée du Tour de Grande-Bretagne à Cardiff, sous les acclamations de son public gallois, beaucoup pensaient que c’était fini. Vraiment fini. À 39 ans, après dix-neuf saisons chez les pros et un sacre sur le Tour de France, le rideau tombait. Et pourtant, deux mois plus tard, le voilà déjà de retour. Pas sur un vélo, mais bien dans le staff de l’équipe qui l’a vu grandir : Ineos Grenadiers.

Un nouveau rôle taillé sur mesure

L’annonce est tombée ce jeudi 27 novembre 2025 : Geraint Thomas est nommé directeur course (ou « director of racing » en version originale). Un poste inédit, créé pour lui, qui le place aux côtés des figures historiques que sont Dave Brailsford, John Allert et Scott Drawer. Brailsford, justement, revient aux affaires après ses escapades footballistiques à Nice et Manchester United. L’équipe britannique, qui reste la plus titrée du XXIe siècle mais qui cherche à reconquérir le Tour de France, se dote ainsi d’un duo expérimenté et motivé.

Thomas ne cache pas son enthousiasme. « Avec Dave qui revient, on est super motivés », lâche-t-il. Lui qui vit à Monaco, qui pourrait profiter de la plage et accompagner son fils à l’école, avoue avoir besoin de challenge. « Je pourrais ne rien faire, mais j’ai besoin de me lever le matin en me disant : putain, c’est dur, on doit pousser. » Cette phrase résume parfaitement l’homme : compétiteur jusqu’au bout des ongles.

Apprendre, observer, puis transmettre

Concrètement, que va-t-il faire ? Au départ, beaucoup observer. « Je vais apprendre de Dave », reconnaît-il humblement. Négociations commerciales, gestion de calendrier, recrutement… autant de domaines qu’il découvrait de loin quand il portait encore le dossard. Mais très vite, son expérience de coureur va prendre le dessus.

« J’ai passé presque vingt ans dans le peloton. Presque tout ce que les gars vont vivre, je l’ai vécu ou je l’ai vu chez quelqu’un d’autre. »

Geraint Thomas

Son cœur de mission ? Accompagner les coureurs, partager la recette du succès sur trois semaines, décrypter la mentalité nécessaire pour gagner un grand tour ou une classique. Car oui, Thomas connaît les deux mondes : celui des grimpeurs capable de suivre Pogacar et celui des puncheurs qui peuvent viser San Remo avec Filippo Ganna, par exemple.

Kévin Vauquelin, le premier gros dossier français

Parmi les coureurs qu’il va suivre de près, un nom revient souvent : Kévin Vauquelin. Le Normand, tout juste arrivé d’Arkéa-B&B Hotels, partage avec Thomas des qualités rares : un gros moteur en contre-la-montre et un potentiel évident pour les classements généraux. À 24 ans, il représente exactement le type de talent que Ineos veut développer pour redevenir la machine à gagner d’antan.

Thomas le sait : la pression sera énorme. « Quand tu es un bon coureur français, il y a toujours des attentes », sourit-il. Fracture de la fibula en fin de saison dernière, changement d’équipe, culture britannique… les pièges sont nombreux. Le Gallois veut être là pour guider, rassurer, optimiser. « C’est un immense talent. J’ai vraiment envie de l’aider à exprimer 100 % de son potentiel. »

Le premier stage commun aura lieu la semaine prochaine à Denia, en Espagne. L’occasion pour les deux hommes de poser les bases d’une collaboration qui pourrait marquer les prochaines années du cyclisme français au plus haut niveau.

Ineos veut redevenir la référence

Car oui, l’ambition est claire. Après plusieurs Tours de France où l’équipe a dû se contenter des accessits (dernier podium avec Egan Bernal en 2021, 4e place de Carlos Rodríguez en 2023), Ineos veut retrouver le sommet. Le retour de Brailsford, l’expérience de Thomas, l’arrivée de jeunes pousses comme Vauquelin, Laurance ou Godon… tout est aligné pour une renaissance.

Et Geraint Thomas, dans tout ça ? Il ne sera pas simplement un consultant ponctuel que l’on appelle avant le Tour. Non. Il veut être impliqué au quotidien. « Prendre part au voyage » des coureurs, comme il dit. Aider Ganna à viser Milan-San Remo, accompagner Pidcock dans ses rêves de Monuments, pousser Rodríguez ou Martínez vers le graal jaune… Le Gallois a encore de belles années devant lui. Simplement, cette fois, il les vivra en costume plutôt qu’en combinaison.

Un modèle qui inspire déjà

Cette transition réussie n’est pas banale. Dans un cyclisme où beaucoup de champions peinent à trouver leur place après la retraite (regardez Chris Froome, toujours à la recherche d’un second souffle), Thomas montre la voie. Rester dans la même structure, gravir les échelons, transmettre. C’est presque une philosophie Sky/Ineos : on ne quitte pas la famille, on change juste de rôle.

Dave Brailsford l’avait fait avec les coureurs qu’il avait lancés. Bradley Wiggins, Chris Froome, Geraint Thomas, Egan Bernal… tous ont bénéficié de cette culture de la performance absolue. Aujourd’hui, c’est au tour de Thomas de devenir le passeur. Et quelque part, c’est magnifique.

Alors oui, le maillot jaune ne sera plus sur ses épaules. Mais il flottera peut-être bientôt sur celles d’un jeune qu’il aura accompagné jusqu’au bout du rêve. Et ça, pour Geraint Thomas, ça vaut tous les podiums du monde.

« Je suis trop vieux pour remonter sur le vélo au plus haut niveau, mais aider les gars à réaliser leurs rêves, prendre part à ce voyage… ça m’excite plus que tout. »

— Geraint Thomas, novembre 2025

Le cyclisme change. Les générations se croisent. Et parfois, les plus beaux chapitres ne s’écrivent pas sur la route, mais juste à côté. Bienvenue dans l’ère Geraint Thomas manager. On risque d’en entendre parler longtemps.

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