La Géorgie traverse actuellement une période de turbulences politiques sans précédent. Au cœur de cette tempête : les élections législatives d’octobre dernier, dont les résultats sont vivement contestés par l’opposition. Cette dernière dénonce des fraudes massives orchestrées par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien.
Face à cette crise, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili est montée au créneau lors d’une conférence de presse. Selon elle, le scrutin a été « contrôlé et manipulé par un seul parti ». Une situation inacceptable qui nécessite l’organisation de nouvelles élections afin de restaurer la légitimité du Parlement et du gouvernement.
Une ingérence russe pointée du doigt
Mais les accusations ne s’arrêtent pas là. Mme Zourabichvili affirme détenir des preuves d’une ingérence de la Russie dans le processus électoral. Un acte grave qui soulève de nombreuses inquiétudes quant à l’indépendance et la souveraineté de la Géorgie.
Pour tenter de désamorcer cette bombe à retardement, la présidente a fait appel à un groupe de députés européens. Venus de France, d’Allemagne et d’autres pays, ils ont pour mission d’aider à trouver une issue à cette impasse politique. Une initiative saluée par l’opposition pro-occidentale, qui espère ainsi faire pression sur le gouvernement.
L’opposition dans la rue, le gouvernement inflexible
Pendant ce temps, la colère gronde dans les rues de Tbilissi. Des dizaines de milliers de manifestants se rassemblent régulièrement devant le Parlement pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un « hold-up électoral ». Une mobilisation massive qui témoigne de l’exaspération d’une grande partie de la population.
Mais le gouvernement reste inflexible. Le Premier ministre Irakli Kobakhidze a même menacé d’interdire les partis d’opposition s’ils persistaient dans leurs actions. Une déclaration choc qui a suscité l’indignation de nombreux observateurs.
Nous sommes là pour vous encourager. Vous êtes épuisés, frustrés, fatigués, mais chers amis ne baissez pas les bras, nous sommes avec vous.
Michael Roth, chef de la commission parlementaire aux Affaires étrangères du Parlement allemand, s’adressant aux manifestants
L’Union européenne s’en mêle
L’Union européenne, que la Géorgie rêve de rejoindre un jour, suit de très près l’évolution de la situation. Le président du Conseil européen Charles Michel a lui-même exprimé ses doutes sur la régularité du scrutin, évoquant de « sérieux soupçons de fraude » qui nécessitent une enquête approfondie.
Une prise de position claire qui met la pression sur les autorités géorgiennes. Ces dernières tentent de calmer le jeu en réaffirmant leur attachement à l’intégration européenne, qualifiée de « priorité absolue » par le parti au pouvoir. Mais ces déclarations peinent à convaincre une opposition remontée et une société civile mobilisée.
Vers une sortie de crise ?
À l’heure actuelle, nul ne sait comment cette crise va évoluer. La présidente Zourabichvili maintient la pression en faveur de nouvelles élections, seule option à ses yeux pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions. Mais le gouvernement campe sur ses positions, refusant toute remise en cause des résultats.
Une chose est sûre : la Géorgie joue son avenir démocratique et européen dans cette épreuve de force. Si aucun compromis n’est trouvé, le risque d’un blocage durable et d’une déstabilisation du pays est réel. Les prochaines semaines seront donc décisives pour savoir si la raison et le dialogue l’emporteront sur la confrontation.
En attendant, la société civile géorgienne reste mobilisée. Malgré la fatigue et les pressions, elle refuse de baisser les bras. Car au-delà des querelles partisanes, c’est bien l’avenir de la démocratie géorgienne qui est en jeu. Un combat crucial pour ce petit pays du Caucase, tiraillé entre ses aspirations européennes et l’influence toujours présente de son encombrant voisin russe.