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Géorgie : Le parti au pouvoir mobilise avant un scrutin crucial

En Géorgie, le parti Rêve géorgien accusé de dérive autoritaire mobilise ses troupes avant un scrutin législatif crucial. L'opposition pro-occidentale unie pour contrer son influence. Les enjeux pour la démocratie et l'avenir européen du pays sont immenses. Qui l'emportera ?

En Géorgie, l’heure est à la mobilisation des troupes avant un scrutin qui s’annonce décisif. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, accusé ces derniers temps de dérive autoritaire et de sympathies prorusses, a réuni mercredi ses partisans pour un dernier meeting de force. Face à lui, c’est une opposition unie sous la bannière pro-occidentale qui entend bien renverser la donne.

L’enjeu est de taille. Ces élections législatives sont considérées comme un test crucial pour la santé démocratique de ce pays du Caucase, qui aspire de longue date à rejoindre l’Union européenne. Tbilissi a d’ailleurs déposé sa candidature à l’adhésion. Mais les signaux envoyés par le pouvoir en place inquiètent tant à Bruxelles que dans la société civile géorgienne.

Une démonstration de force du parti au pouvoir

Pour ce dernier rassemblement, le Rêve géorgien a vu les choses en grand. Des dizaines de milliers de sympathisants, dont de nombreux fonctionnaires, ont convergé de tout le pays par bus vers la place de la Liberté, au cœur de la capitale Tbilissi. Une marée humaine venue clamer son soutien au parti, tambours battants et slogans à l’appui.

En tête du cortège, Tsotne Ivanichvili, le fils de l’oligarque Bidzina Ivanichvili. Ce dernier, immensément riche et influent, passe pour être le véritable homme fort du pays, tirant les ficelles du Rêve géorgien qu’il a fondé. Pour les manifestants, le choix est clair. “Si l’opposition arrive au pouvoir, ils démarreront une guerre contre la Russie, c’est pourquoi nous soutenons le Rêve géorgien. C’est le garant de la paix”, affirme Tamila Siradze, 70 ans.

Des accusations de dérive autoritaire

Pourtant, le bilan du parti au pouvoir est de plus en plus remis en cause. Arrivé aux affaires en 2012 avec un programme réformateur et pro-occidental, le Rêve géorgien est accusé d’avoir opéré un virage autoritaire ces deux dernières années. Symbole de cette dérive, l’introduction controversée d’une loi sur “l’influence étrangère”, largement perçue comme une copie de la législation liberticide russe.

Cette loi est un stratagème de M. Ivanichvili pour assoir le contrôle de son camp sur la société civile.

D’après les opposants au texte

Son adoption a d’ailleurs suscité d’importantes manifestations et a été qualifiée par Bruxelles d’obstacle à l’intégration européenne du pays. Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell s’est lui-même dit inquiet d’un “glissement vers l’autoritarisme” et voit dans le scrutin de samedi “un test crucial”.

L’ombre de Moscou

En toile de fond, plane aussi le spectre d’un rapprochement avec la Russie, acteur historique dans la région. Une perspective qui alarme les Occidentaux, au moment où Moscou est engagé dans une guerre contre l’Ukraine. Il faut dire que Bidzina Ivanichvili, l’homme fort du régime, a fait fortune en Russie après l’effondrement de l’URSS.

L’opposition en embuscade

Face au Rêve géorgien, l’opposition pro-occidentale entend bien créer la surprise. Fait rare, les différents partis ont réussi à s’unir pour ce scrutin clé. Les sondages prédisent qu’ils pourraient recueillir suffisamment de voix pour former un gouvernement de coalition et chasser le parti au pouvoir.

Mais beaucoup redoutent des tensions, voire des troubles, si le Rêve géorgien tentait de se maintenir coûte que coûte aux affaires, quel que soit le verdict des urnes. Une crainte justifiée pour les analystes au vu de la crispation du régime.

Un test pour la démocratie géorgienne

Au-delà des enjeux de politique intérieure, c’est bien l’avenir du modèle démocratique géorgien qui se jouera samedi. Depuis son indépendance en 1991, le pays a connu une trajectoire chaotique, entre avancées et reculs démocratiques. Le scrutin dira si la Géorgie choisit de poursuivre son ancrage à l’Ouest ou si elle renoue avec ses vieux démons autoritaires.

Une chose est sûre, à Tbilissi comme à Bruxelles, tous les regards seront tournés vers les bureaux de vote géorgiens samedi. L’issue du scrutin sera scrutée avec attention et ses répercussions pourraient être majeures pour ce petit pays coincé entre Russie et Turquie, qui rêve d’Europe mais doit composer avec un environnement régional des plus complexes.

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