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Géorgie : La lutte pro-UE enflamme les rues pour la 11ème nuit

Depuis 11 nuits, des milliers de Géorgiens pro-UE défient le gouvernement devant le parlement malgré une répression de plus en plus brutale. Ils dénoncent le renoncement aux ambitions européennes et la dérive autoritaire du pouvoir. Jusqu'où ira cette crise politique majeure qui secoue le pays ?

Depuis maintenant 11 nuits consécutives, les rues de la capitale géorgienne Tbilissi sont le théâtre d’un bras de fer intense entre le gouvernement et des milliers de manifestants pro-européens. Brandissant des drapeaux de l’UE, tapant sur les barrières métalliques qui bloquent l’entrée du parlement, les contestataires dénoncent avec force la dérive autoritaire et prorusse du pouvoir en place, l’accusant de renoncer aux ambitions européennes du pays.

Une mobilisation qui ne faiblit pas malgré la répression

Loin de s’essouffler, le mouvement de protestation semble au contraire gagner en détermination au fil des jours, et ce malgré une répression policière de plus en plus musclée. Chaque soir, les forces de l’ordre dispersent les rassemblements à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène, procédant à de nombreuses interpellations. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 400 manifestants ont été arrêtés depuis le début de la contestation.

Mais rien ne semble pouvoir décourager les protestataires, bien décidés à faire entendre leur voix. « Ils ne peuvent pas nous faire peur, nous n’allons pas nous arrêter », assure Nino, une manifestante de 27 ans. D’autres disent craindre pour leur sécurité face à la violence de la répression et aux attaques de hommes masqués contre des journalistes et des figures de l’opposition. Mais tous restent déterminés à poursuivre le combat.

Un vent de révolte qui souffle depuis les élections contestées d’octobre

Cette crise politique majeure qui secoue la Géorgie trouve son origine dans les élections législatives très controversées du 26 octobre dernier. Si le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, est sorti vainqueur du scrutin, l’opposition pro-occidentale a immédiatement dénoncé des fraudes massives. Depuis, un vent de révolte souffle sur le pays, avec des manifestations quasi-quotidiennes pour réclamer de nouvelles élections libres et démocratiques.

La goutte d’eau : le report des ambitions européennes

Mais c’est la décision du gouvernement la semaine dernière de repousser à 2028 la « question de l’adhésion à l’Union européenne » qui a véritablement mis le feu aux poudres. Un renoncement vécu comme une véritable trahison par une large partie de la société géorgienne, très attachée à un rapprochement avec l’Europe. Le pouvoir assure toujours vouloir intégrer l’UE d’ici 2030, mais il est désormais accusé de céder à l’influence de Moscou et de s’engager sur une voie autoritaire incompatible avec les valeurs européennes.

Le gouvernement durcit le ton et promet d' »anéantir » le mouvement

Face à cette contestation qui s’enracine, le gouvernement a décidé de durcir considérablement le ton ces derniers jours. Le Premier ministre Irakli Kobakhidzé a promis d' »anéantir » ceux qu’il qualifie de « libéralo-fascistes », accusant les manifestants de vouloir fomenter une révolution avec des financements étrangers. Plusieurs leaders de l’opposition ont été arrêtés et brutalisés, tandis qu’une législation est en préparation pour interdire aux manifestants de dissimuler leur visage.

Un bras de fer qui inquiète la communauté internationale

Cette répression de plus en plus brutale et l’escalade verbale des autorités suscitent une vive inquiétude des pays occidentaux. Les États-Unis et l’Union européenne ont fermement condamné l’usage excessif de la force, Washington brandissant même la menace de nouvelles sanctions. Le président français Emmanuel Macron et le président élu américain Donald Trump ont eu des discussions approfondies sur le sujet avec la présidente géorgienne pro-occidentale Salomé Zourabichvili en marge d’un sommet à Paris.

Mme Zourabichvili, en conflit ouvert avec le gouvernement, a d’ailleurs annoncé qu’elle refusait de quitter son poste comme prévu fin décembre tant que de nouvelles élections libres n’auront pas été organisées. Une pression supplémentaire sur le pouvoir, acculé de toute part. Pris en étau entre une rue qui gronde et une communauté internationale qui hausse le ton, le gouvernement géorgien semble plus que jamais sur la sellette.

Si la détermination des manifestants pro-européens ne semble pas faiblir malgré la répression, jusqu’où ira cette crise politique explosive qui déchire la Géorgie? Le pays, écartelé entre ses aspirations européennes et l’influence de Moscou, saura-t-il trouver une voie de sortie pacifique et démocratique ? L’avenir de la démocratie géorgienne et l’orientation géopolitique de cette ex-république soviétique se jouent sans doute dans ce bras de fer à haut risque entre le pouvoir et la rue.

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