À l’approche d’élections législatives décisives en Géorgie, prévues le samedi 26 octobre, des organisations non gouvernementales ont lancé un appel à un grand rassemblement pro-européen ce dimanche dans la capitale Tbilissi. Selon des sources proches du dossier, ce scrutin est perçu comme un véritable référendum sur l’orientation future du pays, tiraillé entre un rapprochement avec l’Europe ou un glissement vers l’orbite russe.
Une alliance inédite de l’opposition face au parti au pouvoir
Les élections à venir verront s’affronter une coalition sans précédent des forces d’opposition pro-occidentales et le parti conservateur Rêve géorgien, actuellement au pouvoir. Ce dernier est accusé par Bruxelles de dérive autoritaire et de faire dérailler les ambitions européennes de Tbilissi.
La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, connue pour ses positions pro-occidentales et son conflit ouvert avec le gouvernement, a annoncé qu’elle se joindrait au rassemblement de dimanche. Elle a déclaré que cette manifestation “démontrera la volonté du peuple pour la liberté, l’indépendance et un avenir européen”.
Cinq points de rassemblement à Tbilissi
Plusieurs ONG géorgiennes, dont Georgia’s European Orbit et la coalition “My Voice to the EU”, sont à l’origine de l’appel à manifester. Elles ont invité les Géorgiens à se réunir en cinq endroits différents de Tbilissi à partir de 19h (heure locale), avant de converger vers la place centrale de la Liberté.
“En choisissant l’unité, le développement et l’Union européenne, les Géorgiens se rassembleront et montreront leur détermination à poursuivre le chemin de l’adhésion à l’UE”, ont déclaré les organisateurs sur Facebook.
Tensions autour du processus d’adhésion à l’UE
Le processus d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne a été gelé par Bruxelles après l’adoption controversée par le parlement géorgien d’une loi sur les “agents de l’étranger” visant la société civile. Cette mesure, dénoncée comme une loi de type Kremlin destinée à museler les voix dissidentes, avait déclenché d’importantes manifestations dans le pays et conduit Washington à sanctionner des dizaines de responsables géorgiens.
Début octobre, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a mis en garde contre la dérive autoritaire de Rêve géorgien. Il a qualifié les élections à venir de “test crucial pour la démocratie en Géorgie et son cheminement vers l’Union européenne”.
L’opposition en position de former un gouvernement
Si l’on en croit les sondages, les partis d’opposition pourraient obtenir suffisamment de voix samedi pour être en mesure de former une coalition gouvernementale et ainsi évincer du pouvoir Rêve géorgien, contrôlé par le puissant oligarque Bidzina Ivanishvili.
Des analystes mettent toutefois en garde contre un risque de troubles post-électoraux, notamment si le parti au pouvoir tente de s’accrocher coûte que coûte. Arrivé aux affaires en 2012, Rêve géorgien a d’abord mené une politique libérale et pro-occidentale avant d’opérer ces deux dernières années un revirement qui l’a vu accusé de se rapprocher de Moscou dans le contexte de la guerre en Ukraine.
L’Europe et l’OTAN, des aspirations inscrites dans la Constitution
L’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne et à l’OTAN est un objectif inscrit dans la Constitution du pays. Selon différents sondages d’opinion, environ 80% de la population géorgienne soutient ces aspirations euro-atlantiques.
Dans ce contexte, le rassemblement pro-européen de dimanche s’annonce comme une démonstration de force de la société civile géorgienne à quelques jours d’un scrutin qui pourrait s’avérer historique pour l’avenir du pays. Ancienne république soviétique, la Géorgie est depuis son indépendance écartelée entre ses ambitions européennes et l’influence persistante de son imposant voisin russe.
