L’affaire Georges Abdallah connaît un nouveau rebondissement. Vendredi, le tribunal d’application des peines a accepté la onzième demande de libération conditionnelle du militant libanais propalestinien, emprisonné depuis 40 ans en France pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates. Cependant, à peine la décision rendue, le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé faire appel, suspendant ainsi la libération.
Quarante années de détention et une mobilisation grandissante
Georges Ibrahim Abdallah, 73 ans aujourd’hui, purge une peine de réclusion criminelle à perpétuité depuis 1986. Ancien instituteur, il avait cofondé au début des années 1980 les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), un groupuscule marxiste prosyrien et anti-israélien qui a revendiqué plusieurs attentats meurtriers en France pendant la guerre civile libanaise.
Bien que libérable depuis 25 ans, Georges Abdallah a vu toutes ses demandes de libération conditionnelle rejetées jusqu’à présent. Seule exception : en 2013, une demande avait été acceptée sous condition d’un arrêté d’expulsion, mais celui-ci n’avait finalement pas été mis en œuvre par le gouvernement de l’époque. Au fil des années, la mobilisation en faveur de sa libération n’a cessé de s’amplifier, dépassant les cercles de l’extrême-gauche.
Georges Abdallah est victime d’une justice d’État qui fait honte à la France.
Annie Ernaux, prix Nobel de littérature
Espoirs et déceptions
Vendredi, l’espoir était grand pour les soutiens de Georges Abdallah. Le tribunal d’application des peines a en effet accepté sa demande de libération conditionnelle, à compter du 6 décembre prochain, « subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître ». Une victoire juridique et politique, selon son avocat Jean-Louis Chalanset.
Mais la joie fut de courte durée. Le jour-même, le parquet antiterroriste a annoncé faire appel de la décision, un appel suspensif qui vient à nouveau repousser une éventuelle libération. Pour Tom Martin, porte-parole du collectif Palestine Vaincra, cette décision « n’est qu’une étape » et doit encourager à « développer, élargir et intensifier la campagne de soutien, qui ne s’arrêtera que quand Georges Ibrahim Abdallah sera libre au Liban ».
Prochaine étape : l’examen de l’appel
La balle est maintenant dans le camp de la justice. La chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris devra se prononcer sur le recours du PNAT. Un examen qui s’annonce déjà scruté de près, tant l’affaire Georges Abdallah cristallise les tensions.
D’un côté, ses soutiens dénoncent un acharnement judiciaire et une détention abusive motivée par des raisons politiques. De l’autre, pour les États-Unis et Israël, dont les diplomates ont été assassinés, la libération d’Abdallah reste inenvisageable. Au milieu, l’État français semble hésiter, pris entre des considérations diplomatiques, sécuritaires et les principes de sa justice.
En attendant, Georges Abdallah reste le plus ancien prisonnier en Europe en lien avec le conflit israélo-palestinien. Et chaque nouvelle décision de justice vient raviver les braises de ce dossier sensible, où politique et droit s’entrechoquent. La prochaine étape de ce long feuilleton judiciaire est désormais entre les mains des magistrats d’appel. Leur décision sera scrutée bien au-delà des portes de la prison de Lannemezan.