En cette mi-août caniculaire, alors que les plages de Loire-Atlantique se remplissent de vacanciers, une vague de 200 caravanes de gens du voyage a pris d’assaut plusieurs terrains publics et privés entre Guérande et Saint-Nazaire. Un phénomène récurrent qui soulève, une fois de plus, la question épineuse de la place accordée à ces communautés nomades dans notre société.
Des aires d’accueil boudées malgré leur réhabilitation
Pourtant, les aires de grand passage de Trignac et d’Herbignac, spécialement conçues pour accueillir les gens du voyage durant la période estivale, venaient tout juste d’être remises en état. Finis les champs boueux et impraticables des années précédentes ! Mais force est de constater que ces espaces aménagés peinent à trouver leur public…
Le terrain de Trignac était tout à fait en l’état d’être utilisé, mais il a été snobé par les voyageurs qui ont préféré s’installer ailleurs.
– Une source côté gendarmerie
Tensions et rivalités entre communautés
Si certains évoquent le sous-équipement de ces aires officielles, d’autres pointent du doigt les rivalités et inimitiés existant entre différents groupes. Des querelles intestines qui rendraient la cohabitation sur un même site impossible.
Il faut comprendre qu’il y a de puissantes rivalités et inimités entre certaines communautés, et qu’elles refusent de cohabiter sur une même aire.
– Hubert Delorme, maire de Saint-Molf
Des maires démunis face aux installations sauvages
En attendant, ce sont les communes qui trinquent, contraintes de composer avec ces installations illégales sur leur territoire. Si certains édiles, comme Hubert Delorme, parviennent à faire expulser les contrevenants, d’autres se retrouvent totalement démunis.
Car la procédure est longue et semée d’embûches juridiques. Il faut d’abord constater l’infraction, puis entamer un dialogue avec les occupants. En cas d’échec, reste alors la voie judiciaire, avec son lot d’incertitudes et de lenteurs administratives…
Vers une meilleure prise en compte des besoins des gens du voyage ?
Face à cette situation tendue, certains appellent à une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des gens du voyage. Car au-delà des aires de grand passage, ce sont de véritables terrains d’hospitalisation qui font cruellement défaut selon Christophe Sauvé, secrétaire général de l’association des gens du voyage citoyens de Loire-Atlantique.
Cela fait plus de 26 ans que nous essayons de faire progresser ce dossier, mais cela avance à une vitesse d’escargot.
– Christophe Sauvé, de l’association des gens du voyage
Le nouveau schéma départemental d’accueil des gens du voyage, attendu d’ici la fin de l’année, sera l’occasion pour les autorités de faire le point sur les besoins réels de cette communauté. Car au-delà des tensions estivales, c’est bien la question de la place accordée aux gens du voyage dans notre société qui se pose aujourd’hui avec acuité.
Une problématique complexe qui nécessite une réponse globale et concertée, loin des réactions à chaud et des expulsions manu militari. Car snober les aires d’accueil, c’est aussi, d’une certaine manière, snober tout un pan de notre diversité culturelle et humaine. Un mépris dont personne ne sortira gagnant à long terme.