C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de Geneviève Callerot, une femme remarquable qui a marqué l’histoire de la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Décédée jeudi dernier à l’âge vénérable de 108 ans, elle laisse derrière elle un héritage extraordinaire d’altruisme et de bravoure.
Une vie au service des autres
Née en 1916 à Paris, Geneviève Callerot était une simple agricultrice dans le petit village de Saint-Aulaye en Dordogne. Mais derrière cette apparente banalité se cachait une âme bienveillante et courageuse qui allait changer le destin de centaines de personnes.
Au péril de sa vie, elle aide des familles à passer en zone libre
Pendant l’Occupation, Geneviève et sa famille ont pris d’immenses risques pour aider plus de 200 personnes, juifs et autres, à franchir la ligne de démarcation et atteindre la zone libre. Malgré le danger constant, ils accueillaient chez eux ces familles en détresse, les hébergeaient et les accompagnaient vers la liberté.
Je n’en voulais pas de la légion d’honneur parce qu’il y a des tas d’autres gens qui la méritaient beaucoup plus. Mais j’ai réfléchi, je vais quand même la prendre en association avec mes parents, mes frères et sœurs.
Geneviève Callerot, sur sa distinction de la légion d’honneur reçue en 2018
Arrêtée trois fois, mais jamais découragée
Geneviève fut arrêtée à trois reprises par les Allemands, passant même trois semaines en prison. Mais avec ingéniosité et sang-froid, elle réussit à chaque fois à se tirer d’affaire sans compromettre son réseau. Rien ne semblait pouvoir entamer sa détermination à venir en aide aux persécutés.
Une combattante de l’ombre
Bien qu’elle n’ait jamais pris les armes, Geneviève Callerot était une véritable « combattante de l’ombre » comme l’a souligné son frère. Son courage discret et son dévouement sans faille ont permis de sauver de nombreuses vies au péril de la sienne.
La légion d’honneur pour couronner une vie d’engagement
Ce n’est qu’à 102 ans, en 2018, que Geneviève Callerot fut enfin reconnue pour ses actes héroïques en étant décorée de la légion d’honneur, la plus haute distinction française. Un hommage tardif mais ô combien mérité pour cette dame au grand cœur.
Transmettre la mémoire aux jeunes générations
Jusqu’au bout, Geneviève a tenu à partager son histoire, notamment avec les collégiens de sa commune. A travers ses livres et ses témoignages, elle a permis de garder vivante la mémoire de ces années sombres et des héros ordinaires qui ont su y briller par leur humanité. Son message est plus que jamais d’actualité.
Bientôt personne ne pourra plus dire: j’ai vu… j’y étais…
Geneviève Callerot, dans son dernier livre « Deux filles sous la botte, chronique d’une famille pendant l’occupation »
Avec la disparition de Geneviève Callerot, c’est une grande dame, une héroïne discrète et une mémoire vivante qui nous quitte. Mais son exemple doit continuer à nous inspirer et à nous guider, pour que jamais ne s’effacent le souvenir des atrocités passées et des actes de bravoure qui ont permis à la lumière de perdurer dans les ténèbres.