C’est un vote historique qui s’est tenu ce dimanche à Genève. Par une large majorité de 85%, les citoyens du canton ont approuvé l’interdiction d’exhiber des symboles de haine, et notamment des symboles nazis, dans l’espace public. Une première en Suisse, qui pourrait faire des émules dans d’autres cantons et au niveau fédéral.
La démocratie directe s’empare d’un sujet sensible
Genève a une fois de plus prouvé son attachement aux valeurs d’ouverture et de tolérance. En votant massivement pour bannir de ses rues les signes prônant la discrimination et la violence, le canton affirme son rejet de l’extrémisme sous toutes ses formes. Un message fort, à l’heure où les incidents haineux se multiplient en Europe.
Fait notable, c’est une initiative issue des rangs de l’Union Démocratique du Centre (UDC), parti de droite radicale, qui est à l’origine de cette loi. Son auteur, un élu dont le grand-père fut déporté à Mauthausen, a su convaincre au-delà des clivages partisans. Seule l’UDC s’est finalement opposée au texte, jugeant impossible de définir précisément les symboles à proscrire.
Ce que prévoit la nouvelle loi
Concrètement, la loi constitutionnelle adoptée interdit “d’exhiber ou de porter dans l’espace public” tout symbole de haine ou de violence. Si la croix gammée nazie est explicitement visée, d’autres signes d’extrémisme, encore à définir, seront concernés.
- L’interdiction s’appliquera dans tous les lieux publics du canton
- Des sanctions pénales seront prévues pour les contrevenants
- La liste précise des symboles prohibés reste à établir
Il s’agit d’un signal clair contre la banalisation de la haine. Genève est fière d’ouvrir la voie.
Mauro Poggia, Conseiller d’État genevois
Une avancée saluée, des inquiétudes persistantes
Si la plupart des partis et associations antiracistes applaudissent ce vote, certaines voix mettent en garde contre une potentielle atteinte à la liberté d’expression. Pour eux, plutôt que d’interdire, il faudrait mieux éduquer et sensibiliser contre la haine.
D’autres s’interrogent sur l’applicabilité d’une telle mesure. Comment distinguer un symbole nazi d’un autre signe sans rapport ? Qui décidera des emblèmes à bannir ? Autant de questions encore en suspens, alors que la loi doit désormais être concrétisée.
Vers une interdiction nationale des symboles haineux ?
L’exemple genevois pourrait rapidement essaimer. Au parlement fédéral, une motion visant à créer une base légale interdisant les symboles nazis a déjà été adoptée en avril. D’autres cantons comme Bâle ou Zurich envisageraient des mesures similaires.
Reste à voir si un consensus national est possible sur un thème aussi épineux, touchant aux libertés fondamentales. Une chose est sûre : le débat est lancé et ne manquera pas de rebondissements dans les mois à venir. Genève, pionnière de la lutte contre la haine, aura posé la première pierre.