C’est un constat glaçant que dresse une récente enquête menée par trois journalistes du Parisien – Aujourd’hui en France. La France fait face à une nouvelle génération de criminels d’un genre particulier : de très jeunes tueurs à gages, pour la plupart mineurs, qui sèment la mort pour le compte de narcotrafiquants sans foi ni loi. Matéo, Mathys, Willad, Dylan, Ahmed, Nicolas, Ilyas… Derrière ces prénoms d’apparence banale se cachent les visages d’une délinquance juvénile ultra-violente qui prend une ampleur inquiétante.
Un phénomène en pleine expansion
Ces “shooters”, comme les surnomme le milieu, sont de plus en plus jeunes et nombreux à basculer dans le grand banditisme. Des ados parfois à peine sortis de l’enfance, qui n’hésitent pas à appuyer sur la gâchette pour quelques billets, avec un détachement et une violence extrêmes.
Avant on avait des jeunes qui faisaient des braquages. Maintenant, ils font des “missions” commanditées par des trafiquants pour tuer des gens. Il y a une banalisation inquiétante du passage à l’acte.
– Un gradé de la police judiciaire
L’attrait de l’argent facile
Dans les cités gangrenées par le trafic de drogue, l’appel du gain facile fait basculer certains mineurs, parfois dès 11-12 ans. Les narcos les appâtent avec la promesse de grosses sommes d’argent contre des “contrats” mortels.
Embrigadés et manipulés
Désocialisés, en échec scolaire, issus de familles éclatées… Ces jeunes en perdition sont une proie facile pour les réseaux criminels qui les embrigadent. Les trafiquants exploitent leur fragilité et leur innocence pour les transformer en machines à tuer :
- Ils les forment au maniement des armes
- Les abreuvent de drogues pour les désinhibiber
- Leur imposent un conditionnement quasi-sectaire
“Héros” funestes des réseaux sociaux
Autre symptôme inquiétant : certains de ces jeunes assassins se mettent en scène sur Snapchat ou Instagram, armes à la main, se vantant de leurs “exploits”… Des comportements nihilistes révélateurs d’une perte totale de repères.
Une menace grandissante pour la société
Aux mains de commanditaires sans scrupules, ces ados déshumanisés à la gâchette facile font des ravages. Les “missions” se multiplient, les victimes collatérales aussi. Une spirale de violence qui menace le tissu social des quartiers.
Un défi pour la justice
Que faire de ces enfants-soldats des cités, à la fois bourreaux et victimes d’un système qui les broie ? La justice peine à apporter une réponse adaptée, entre sanctions, prévention et suivi.
On a besoin de peines plus lourdes pour les commanditaires de ces jeunes, et d’un accompagnement au long cours pour leur offrir une réinsertion, une issue.
– Un juge des enfants
Au-delà de la répression, c’est tout un travail de fond qu’il faut mener pour enrayer le basculement de ces mineurs : actions socio-éducatives, présence de terrain, perspectives d’avenir… Un immense défi qui engage toute la société. Car derrière les faits-divers sordides, c’est bien d’une génération sacrifiée sur l’autel du banditisme dont il est question.