Alors que l’urgence climatique s’intensifie, tous les secteurs sont appelés à agir, y compris celui de l’assurance. Une coalition d’ONG vient de publier son classement annuel évaluant les politiques des 30 plus grands assureurs et réassureurs mondiaux en matière de climat. Et c’est l’italien Generali qui tire son épingle du jeu, devant l’allemand Allianz et les français AXA et SCOR.
Un bilan mitigé pour le secteur de l’assurance
Malgré quelques bons élèves, le constat global reste sévère pour l’industrie de l’assurance. Selon le rapport d’Insure our Future, les grands acteurs continuent globalement de soutenir le développement des énergies fossiles, aggravant ainsi la crise climatique. Et ce, alors même que les catastrophes naturelles liées au réchauffement entraînent une facture de plus en plus salée pour les assureurs.
D’après les calculs de la coalition, environ un tiers des pertes assurées causées par les événements météo extrêmes seraient imputables au dérèglement climatique, soit l’équivalent de 600 milliards de dollars sur près de 20 ans. Un chiffre qui devrait continuer de grimper si le secteur ne change pas de cap.
Les assureurs européens en première ligne
Dans ce contexte, les assureurs européens font figure de bons élèves, même s’il reste du chemin à parcourir. Generali décroche la première place du classement 2024 grâce à ses restrictions sur les projets pétroliers et gaziers, notamment les nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL). Il devance Allianz et l’assureur suisse Zurich, premier à s’être engagé à ne plus couvrir de nouveaux projets de charbon.
Côté français, AXA et SCOR occupent respectivement la 6ème et 11ème place. Malgré leurs engagements sur le charbon, ils sont pointés du doigt pour leur manque d’ambition sur le pétrole et le gaz. Selon Reclaim Finance, membre de la coalition, les deux assureurs tricolores font le choix de « profiter de la crise climatique » plutôt que d’y apporter des réponses.
Un enjeu de taille pour les générations futures
Au-delà des pertes financières, c’est la viabilité même de certaines activités et régions qui est en jeu à moyen terme. Avec la multiplication des catastrophes, de plus en plus de zones pourraient devenir difficilement assurables, laissant des populations et entreprises entières sans couverture.
Si les tendances actuelles se poursuivent, d’ici 2050, une personne sur deux sera exposée à des événements climatiques extrêmes contre un sur trois aujourd’hui.
– Selon une étude publiée dans Découverte
Face à ces risques majeurs, les ONG appellent les assureurs à utiliser leur influence auprès de leurs clients et investissements pour accélérer la transition énergétique. Cela passerait notamment par des politiques plus strictes d’exclusion des énergies fossiles, à l’image de Generali ou Zurich.
Des pistes d’amélioration identifiées
Parmi les autres leviers identifiés, les ONG citent :
- L’intégration de critères climatiques dans les décisions de souscription
- L’alignement des portefeuilles d’investissement avec l’Accord de Paris
- Le soutien au développement des énergies renouvelables via des produits et investissements dédiés
- La sensibilisation des clients aux risques et solutions bas-carbone
Des recommandations qui, si elles étaient suivies, permettraient au secteur de jouer un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique. Un virage indispensable pour préserver l’assurabilité du monde de demain.
Des progrès à confirmer
Malgré ces pistes encourageantes, les ONG restent prudentes quant à la mise en œuvre effective de ces engagements. Elles appellent les assureurs à plus de transparence et de suivi pour démontrer l’impact réel de leurs politiques.
Le chemin est encore long, mais ce classement montre que le secteur commence à prendre la mesure de sa responsabilité climatique. À l’image de Generali, les leaders d’aujourd’hui seront ceux qui auront su transformer leurs pratiques pour répondre à l’urgence. Un défi aussi immense que nécessaire pour l’avenir de nos sociétés et de la planète.
