Alors que Gaza traverse une crise humanitaire sans précédent, marquée par la famine et les destructions, une proposition audacieuse fait surface à Jérusalem. Des figures influentes de l’extrême droite israélienne se réunissent pour envisager un avenir radicalement différent pour ce territoire : une « Riviera » méditerranéenne, avec des complexes touristiques, des zones industrielles et des colonies juives. Ce projet, à la fois ambitieux et controversé, soulève des questions éthiques et politiques majeures. Comment un tel plan peut-il émerger dans un contexte de conflit aussi dévastateur ?
Un Projet Visionnaire ou Utopie Controversée ?
Le 22 juillet 2025, une réunion publique s’est tenue au sein du Parlement israélien, la Knesset, pour discuter d’un projet baptisé « La Riviera à Gaza : de la vision à la réalité ». Organisée par des membres éminents de l’extrême droite, cette initiative vise à transformer la bande de Gaza en une destination touristique et économique florissante. Mais derrière les promesses de développement, ce plan soulève une vague d’indignation, notamment en raison du contexte humanitaire dramatique dans lequel il s’inscrit.
Ce projet n’est pas une simple idée abstraite : il s’agit d’un plan directeur détaillé, porté par des figures comme Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et Daniella Weiss, une militante fervente des colonies juives. Leur vision ? Repeupler Gaza avec 1,2 million de résidents juifs, développer des complexes touristiques le long de la côte et établir des zones agricoles et industrielles. Un tel projet marque un tournant radical, surtout après le retrait israélien de Gaza en 2005, qui avait vu le démantèlement de huit colonies.
Un Contexte Humanitaire Alarmant
Pour comprendre l’ampleur de la controverse, il faut se pencher sur la situation actuelle à Gaza. Depuis l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, qui a coûté la vie à 1 219 personnes, principalement des civils, le territoire est plongé dans un chaos humanitaire. En réponse, l’offensive militaire israélienne a causé la mort de 59 106 personnes, majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, jugés fiables par l’ONU. La famine menace, et les infrastructures sont en ruines.
« Gaza est au bord du gouffre, avec des familles luttant pour survivre dans des conditions inimaginables. »
Rapport humanitaire des Nations Unies, 2025
Dans ce contexte, parler de complexes touristiques et de « Riviera » semble déconnecté de la réalité. Les habitants de Gaza, confrontés à des pénuries alimentaires et à des destructions massives, luttent pour leur survie. Pourtant, les promoteurs du projet affirment qu’une transformation économique pourrait apporter stabilité et prospérité à la région. Mais à quel prix ?
Les Origines du Projet : Une Idée Pas si Nouvelle
L’idée de rétablir une présence juive à Gaza n’est pas nouvelle. Depuis le retrait israélien de 2005, une frange de la société, bien que minoritaire, milite activement pour le retour des colonies. Ce mouvement a gagné en visibilité après l’attaque du 7 octobre 2023, qui a exacerbé les tensions et ravivé les appels à une occupation permanente. Le plan actuel, porté par Daniella Weiss, s’inscrit dans cette mouvance, avec une ambition claire : redessiner la démographie et l’économie de Gaza.
Le projet prévoit la construction de logements pour 1,2 million de personnes, des infrastructures modernes et des complexes touristiques. Il s’agit d’une vision à long terme, mais ses détracteurs y voient une tentative de déplacer la population palestinienne pour imposer une nouvelle réalité démographique. Cette proposition fait écho à des déclarations controversées, comme celles de l’ancien président américain Donald Trump en février 2025, qui avait évoqué une « Riviera » à Gaza, vidée de ses habitants palestiniens.
Les Acteurs Clés du Projet
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, est l’une des figures centrales de cette initiative. Connu pour ses positions radicales, il défend une vision où Gaza deviendrait un pôle économique majeur, attirant investisseurs et touristes. Daniella Weiss, quant à elle, incarne le mouvement pro-colonies. Sa ferveur pour la réinstallation juive à Gaza en fait une voix influente, bien que controversée, au sein de l’extrême droite israélienne.
Les promoteurs du projet insistent sur les bénéfices économiques, mais omettent souvent de mentionner les défis logistiques et éthiques. La réinstallation de 1,2 million de personnes dans un territoire déjà densément peuplé soulève des questions sur le déplacement potentiel des habitants actuels.
Leur plan, bien que détaillé, reste flou sur la manière dont il serait mis en œuvre sans exacerber les tensions. Les critiques estiment que ce projet ignore les réalités du terrain, notamment la crise humanitaire et les revendications palestiniennes.
Les Implications Internationales
Ce projet ne passe pas inaperçu sur la scène internationale. Les déclarations de Donald Trump en février 2025, bien que largement critiquées, ont donné une visibilité mondiale à l’idée d’une « Riviera » à Gaza. Ces propos ont suscité l’indignation de nombreux pays, qui y voient une violation des droits des Palestiniens. L’ONU et d’autres organisations internationales ont rappelé l’importance de respecter le droit international, notamment en ce qui concerne les colonies.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici un résumé des points clés du projet :
- Objectif principal : Transformer Gaza en un centre économique et touristique.
- Population ciblée : 1,2 million de résidents juifs.
- Infrastructures prévues : Complexes touristiques, zones industrielles et agricoles.
- Contexte : Crise humanitaire et conflit en cours.
Ce plan, s’il venait à se concrétiser, pourrait redessiner les dynamiques géopolitiques de la région. Cependant, il risque également d’aggraver les tensions, tant au niveau local qu’international.
Les Réactions et les Défis
La proposition de la « Riviera » a suscité des réactions mitigées. D’un côté, ses défenseurs y voient une opportunité de revitaliser un territoire en crise. De l’autre, les critiques dénoncent une vision utopique qui ignore les souffrances des habitants actuels. Les organisations humanitaires, en particulier, appellent à une réponse immédiate à la famine et aux destructions, plutôt qu’à des projets spéculatifs.
« Parler de tourisme dans un territoire dévasté par la guerre est non seulement irréaliste, mais aussi profondément insensible. »
Représentant d’une ONG internationale, 2025
Les défis logistiques sont également immenses. La bande de Gaza, déjà surpeuplée, manque d’infrastructures de base. Construire des complexes touristiques dans un tel contexte nécessiterait des investissements colossaux et une stabilité politique qui semble hors de portée pour le moment.
Un Passé qui Ressurgit
Le retrait israélien de 2005, qui avait marqué la fin de 38 ans d’occupation, reste un point de référence crucial. À l’époque, le démantèlement des colonies avait été perçu comme un pas vers la paix, bien que temporaire. Aujourd’hui, le retour de cette idée ravive les tensions et rappelle les divisions profondes au sein de la société israélienne et entre Israéliens et Palestiniens.
Pour mieux comprendre, voici un tableau comparant les contextes de 2005 et 2025 :
Année | Événement | Conséquences |
---|---|---|
2005 | Retrait israélien de Gaza | Démantèlement de 8 colonies, espoir de paix |
2025 | Proposition de la « Riviera » | Controverse, tensions accrues |
Ce parallèle montre à quel point l’histoire de Gaza est marquée par des cycles de conflit et d’espoir brisé. Le projet actuel, bien qu’ambitieux, risque de s’inscrire dans cette spirale.
Vers un Avenir Incertain
Le projet de « Riviera » à Gaza est à la croisée des chemins. D’un côté, il incarne une vision audacieuse pour transformer un territoire dévasté en un symbole de prospérité. De l’autre, il ignore les réalités humanitaires et politiques, risquant d’aggraver un conflit déjà complexe. Alors que les habitants de Gaza luttent pour leur survie, la question reste : peut-on vraiment construire un avenir radieux sur les ruines d’un présent aussi douloureux ?
Ce plan, bien que porté par une minorité, reflète des divisions profondes au sein de la société israélienne et au-delà. Il met également en lumière les défis de la coexistence dans une région où chaque projet, chaque décision, est scrutée à la loupe. L’avenir de Gaza, entre reconstruction et controverse, reste plus incertain que jamais.