Alors que le conflit israélo-palestinien fait rage depuis plus de 13 mois dans la bande de Gaza, les appels à un cessez-le-feu immédiat se multiplient sur la scène internationale. Lors d’un sommet du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) dimanche, l’émir du Koweït a plaidé pour une trêve sans délai, mettant en exergue l’urgence de « fournir une protection internationale aux civils innocents » et de « garantir l’ouverture de corridors sûrs » pour l’acheminement de l’aide humanitaire.
L’ONU suspend l’aide, jugeant la situation « impossible »
Signe de la dégradation dramatique des conditions sur le terrain, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé dans la foulée la suspension de ses livraisons d’aide depuis le point de passage clé de Kerem Shalom à la frontière avec Israël. Son responsable Philippe Lazzarini a qualifié cette décision de « difficile », mais rendue nécessaire par une situation devenue « impossible ».
La route qui sort de ce point de passage n’est pas sûre depuis des mois. Samedi, nous avons essayé d’acheminer quelques camions de nourriture sur cette même route. Ils ont tous été pris.
Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA
Une population au bord de la famine
Ravagée par plus d’un an de guerre, Gaza sombre dans l’anarchie. D’après des responsables onusiens, la famine gagne du terrain, les pillages se généralisent et les viols se multiplient dans les camps de réfugiés, sur fond d’effondrement de l’ordre public. Pour l’UNRWA, la responsabilité de la protection des humanitaires et du matériel incombe à Israël en tant que puissance occupante. L’État hébreu « doit veiller à ce que l’aide parvienne à Gaza en toute sécurité ».
Les raisons des blocages israéliens
Mais du côté israélien, on dénonce l’incapacité des ONG à prendre en charge les quantités d’aide. Lors d’une visite de presse, un responsable militaire a indiqué que les marchandises attendent souvent « des mois » du côté palestinien de Kerem Shalom. La lenteur des contrôles sécuritaires, la pénurie de carburant, le mauvais état des routes et l’intensité des combats compliqueraient les opérations.
Washington s’active, mais « nous n’y sommes pas encore »
Face à l’urgence, les États-Unis affirment « travailler activement » à un cessez-le-feu. Mais « nous n’y sommes pas encore » a tempéré dimanche Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche. « Il y aura d’autres discussions et consultations », a-t-il ajouté, soulignant l’enjeu d’un « accord sur les otages » en parallèle de la trêve.
À l’heure où la communauté internationale intensifie sa médiation, l’espoir d’une désescalade rapide semble donc encore ténu. Pour les 2,3 millions d’habitants de Gaza, pris en étau entre blocus, combats et effondrement de l’aide, chaque jour apporte son lot de nouvelles épreuves. Dans ce territoire à l’agonie, un cessez-le-feu apparaît plus que jamais comme un horizon lointain.