Imaginez un instant : une cour d’hôpital silencieuse, autrefois bourdonnante de vie, aujourd’hui éventrée par les stigmates de la guerre. À Gaza, les secours viennent de mettre au jour 48 corps enfouis dans l’enceinte de l’un des plus grands établissements médicaux du territoire, ravagé par plus d’un an de conflit entre le Hamas et Israël. Cette découverte, aussi glaçante qu’émouvante, soulève une question lancinante : que reste-t-il d’humanité dans les décombres ?
Une Découverte qui Réveille les Blessures
Ce jeudi, les équipes de la Défense civile palestinienne ont entrepris une tâche aussi macabre que nécessaire : exhumer des dizaines de dépouilles enfouies dans le complexe hospitalier. Parmi elles, 38 ont déjà retrouvé une identité grâce aux familles venues les réclamer, avant d’être inhumées dans des cimetières voisins. Les 10 autres, encore anonymes, attendent dans les locaux du département médico-légal une reconnaissance qui tarde à venir.
D’après une source proche des opérations, près de 160 corps seraient encore prisonniers de la terre sous cet hôpital emblématique. Les exhumations, prévues pour durer plusieurs jours, témoignent d’un chaos passé : ces dépouilles avaient été enterrées à la hâte par le personnel médical et des civils, alors que les combats rendaient impossible tout transfert vers des lieux dédiés.
Un Hôpital au Cœur de la Tourmente
L’hôpital en question n’est pas n’importe quel établissement. Situé dans la ville de Gaza, ce centre médical était un pilier de la santé dans une région déjà fragilisée. Mais la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par une offensive du Hamas dans le sud d’Israël, a transformé ce lieu de soin en théâtre de violences. Bombardements et affrontements ont laissé des cicatrices profondes, tant sur les murs que dans les mémoires.
En novembre 2023, une opération militaire israélienne d’envergure a visé cet hôpital, accusé d’abriter des activités militaires du Hamas. Les autorités israéliennes affirmaient que des combattants s’y mêlaient aux civils, utilisant le site comme base stratégique et lieu de détention d’otages. Des allégations fermement démenties par le mouvement palestinien, mais qui ont marqué un tournant dans la perception de ce lieu.
C’est comme revivre la guerre. On l’enterre aujourd’hui, et les blessures se rouvrent.
– Un frère venu récupérer la dépouille de son proche
Des Corps Enterrés dans l’Urgence
Les images sont saisissantes : des secouristes creusent dans des tombes improvisées, déterrant des linceuls de plastique blanc qu’ils enveloppent ensuite dans des couvertures ou des tapis. Ces sépultures de fortune, creusées à même la cour de l’hôpital, racontent une période où la mort était omniprésente et où les rituels funéraires traditionnels devenaient un luxe inaccessible.
Pourquoi ces corps n’ont-ils pas été inhumés ailleurs ? La réponse tient en un mot : guerre. Lorsque les opérations militaires israéliennes ont encerclé la zone, les ambulances et les secours n’ont plus pu circuler. Enterrer sur place est devenu la seule option pour préserver un semblant de dignité aux défunts.
Une Trêve Fragile, un Passé Pesant
Depuis le 19 janvier 2025, une trêve précaire tente de mettre fin à plus de 15 mois de conflit. Mais si les armes se taisent temporairement, les cicatrices, elles, parlent encore. Les infrastructures médicales, censées être protégées par les lois internationales, ont payé un lourd tribut. Cet hôpital, comme tant d’autres dans la bande de Gaza, est devenu le symbole d’une guerre où même les sanctuaires de vie ne sont plus épargnés.
En 2024, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU avait déjà tiré la sonnette d’alarme, dénonçant la présence de fosses communes autour des hôpitaux de Gaza. Une “profonde inquiétude” exprimée face à des centaines de corps ensevelis dans des conditions inhumaines, reflet d’une crise humanitaire sans précédent.
Les Voix des Familles Brisées
Pour les proches, chaque corps exhumé est une épreuve. Une mère raconte son calvaire, venue dans l’espoir de reconnaître son fils à travers les vêtements qu’il portait le jour de sa disparition. “Je veux le retrouver, je suis épuisée de ne pas savoir”, confie-t-elle, la voix tremblante. Un frère, lui, décrit la douleur ravivée par cet enterrement tardif, comme une blessure qu’on ne peut panser.
Ces témoignages ne sont pas isolés. Ils incarnent le drame de milliers de familles à Gaza, prises entre le deuil et l’incertitude, dans un conflit qui a bouleversé toutes les règles de la vie quotidienne.
Que Reste-t-il à Découvrir ?
Les opérations d’exhumation ne sont pas terminées. Avec encore des dizaines de corps à déterrer, les secours s’attendent à de nouvelles révélations. Chaque dépouille raconte une histoire : celle d’un civil pris dans les combats, d’un soignant débordé, ou peut-être d’un mystère que le temps seul pourra élucider.
Ce qui est certain, c’est que cet hôpital, jadis refuge pour les blessés, est devenu un cimetière improvisé. Une métaphore tragique d’une guerre qui n’épargne rien ni personne.
Un Appel à la Mémoire
Alors que les pelleteuses continuent leur travail, une question demeure : comment panser les plaies d’un peuple lorsque même les morts ne trouvent pas le repos ? Cette exhumation n’est pas qu’une opération logistique ; elle est un cri silencieux pour que le monde n’oublie pas Gaza, ses hôpitaux dévastés, et les vies brisées sous les décombres.
Et vous, que pensez-vous de cette tragédie ? Les lois de la guerre suffisent-elles à protéger les innocents, ou sommes-nous face à un échec collectif ? La réponse, peut-être, repose encore sous la terre de cet hôpital martyr.
