Imaginez un monde où les rires des enfants dans les cours d’école sont remplacés par le silence des décombres. À Gaza, ce cauchemar est une réalité quotidienne. Depuis deux ans, la guerre a ravagé le système éducatif, laissant des milliers d’enfants sans salles de classe, sans livres, et parfois sans espoir. Pourtant, au milieu de cette désolation, des initiatives courageuses tentent de ramener un semblant de normalité.
Une Éducation en Ruines : Le Drame de Gaza
Le conflit qui secoue Gaza depuis l’attaque du 7 octobre 2023 a laissé des cicatrices profondes, notamment sur le système scolaire. Près de 85 % des écoles sont soit détruites, soit inutilisables, transformées en abris de fortune pour les familles déplacées. Les enfants, qui représentent presque la moitié de la population de ce territoire, n’ont plus accès à une éducation digne de ce nom. Cette situation, qualifiée de “catastrophe générationnelle” par les responsables humanitaires, menace l’avenir d’une jeunesse déjà traumatisée.
Un Système Scolaire à l’Arrêt
Avant même le conflit, le système éducatif de Gaza souffrait de surpopulation et de ressources limitées. Aujourd’hui, il est pratiquement inexistant. Sur les 300 écoles gérées par l’autorité palestinienne, 142 sont complètement détruites, 80 nécessitent des réparations majeures, et 38 sont inaccessibles en raison des opérations militaires. Les enseignants, eux-mêmes touchés par la guerre, peinent à subvenir aux besoins de leurs familles, rendant leur retour en classe quasi impossible.
“C’est la troisième année sans école. Si rien ne change d’ici février, nous perdrons une génération entière.”
Responsable humanitaire à Gaza
Dans ce contexte, les enfants passent leurs journées dans les rues, sans occupation ni encadrement. Cette absence d’éducation formelle ne se limite pas à un manque d’apprentissage académique : elle prive les jeunes d’un cadre structuré, essentiel à leur développement.
Des Solutions Précaires pour un Problème Colossal
Depuis le cessez-le-feu du 10 octobre, des efforts timides mais cruciaux ont été entrepris. Des centres d’apprentissage temporaires, installés dans des tentes ou des préfabriqués, accueillent environ un sixième des enfants en âge scolaire. Ces espaces, souvent dépourvus de fenêtres ou de mobilier adéquat, offrent un enseignement minimal : quelques heures par jour, axées sur les mathématiques, la lecture et l’écriture. Les conditions sont rudimentaires, avec des enfants assis sur des nattes ou des cartons, utilisant des ardoises de fortune.
Conditions des centres temporaires :
- Tentes ou préfabriqués sans fenêtres
- Ardoises récupérées ou morceaux de plastique comme outils d’écriture
- Cours limités à 3 jours par semaine, en demi-journées
- Enseignement réduit à 3 matières essentielles
Ces initiatives, bien que louables, ne remplacent pas un véritable système éducatif. Elles visent à “maintenir à flot” les enfants, à leur éviter de perdre tout contact avec l’apprentissage. Mais le défi est immense : sans infrastructures solides ni ressources suffisantes, ces solutions restent un pansement sur une plaie béante.
L’Impact Psychologique : Une Génération Traumatisée
La guerre ne se contente pas de détruire les bâtiments ; elle brise aussi les esprits. La majorité des enfants de Gaza souffrent de traumatismes profonds, avec des syndromes de stress post-traumatique largement répandus. La pédiatre Hanan Balkhy, de l’Organisation mondiale de la santé, a décrit un “impact dévastateur” sur la santé mentale des jeunes, confrontés à la perte, à la peur et à l’incertitude quotidienne.
“Les enfants de Gaza portent des blessures invisibles. Leur santé mentale est en crise, et sans soutien, ces traumatismes façonneront leur avenir.”
Hanan Balkhy, pédiatre à l’OMS
Dans ce contexte, l’éducation ne se limite pas à enseigner des savoirs. Elle joue un rôle crucial dans la reconstruction d’une cohésion sociale, en offrant aux enfants un espace sûr pour se reconnecter, partager et guérir. Les centres temporaires incluent souvent des activités psychosociales, mais les ressources manquent cruellement pour répondre à l’ampleur des besoins.
Les Obstacles à la Reconstruction
Restaurer un système éducatif à Gaza est une tâche herculéenne, entravée par des obstacles logistiques et politiques. L’entrée de matériel de construction, comme le ciment, est strictement contrôlée, rendant la réhabilitation des écoles quasi impossible. De même, les fournitures scolaires – cahiers, stylos, tableaux – sont considérées comme “non vitales” et peinent à passer les checkpoints.
| Défi | Impact |
|---|---|
| Écoles détruites | 85 % des infrastructures inutilisables |
| Manque de matériel | Pas de cahiers, stylos ou tableaux |
| Déplacements forcés | Enfants et enseignants dispersés |
| Faim et insécurité | Priorité à la survie, pas à l’éducation |
Les organisations humanitaires, comme l’Unicef, plaident pour un accès facilité à ces ressources. Sans elles, les efforts pour reconstruire un système éducatif durable resteront vains. “La nourriture garantit la survie, mais l’éducation, c’est l’espoir”, insiste un responsable de l’Unicef.
Des Initiatives Innovantes face à l’Adversité
Face à ces défis, des solutions créatives émergent. L’agence pour les réfugiés palestiniens a lancé une plateforme d’apprentissage en ligne, visant à atteindre 290 000 élèves. Bien que limitée par l’accès à internet et aux appareils électroniques, cette initiative montre la volonté de ne pas abandonner. Parallèlement, les communautés locales s’organisent, nettoyant les décombres et rouvrant des petits commerces pour redonner vie au territoire.
Ces efforts, bien que modestes, témoignent d’une résilience remarquable. “J’ai été frappé par la capacité des habitants à se réorganiser, à essayer de faire revivre la normalité”, confie un humanitaire. Cette détermination est une lueur d’espoir dans un paysage de désolation.
Un Appel à l’Action Internationale
La crise éducative à Gaza ne peut être résolue par les seules organisations humanitaires. Un engagement international est nécessaire pour lever les restrictions sur l’entrée de matériel et financer la reconstruction des écoles. L’Unicef et ses partenaires appellent à une mobilisation urgente pour éviter que cette génération ne soit sacrifiée.
Actions prioritaires pour l’éducation à Gaza :
- Autoriser l’entrée de matériaux de construction
- Fournir des fournitures scolaires de base
- Renforcer les programmes de soutien psychosocial
- Investir dans des infrastructures éducatives durables
Chaque jour sans école est un jour perdu pour l’avenir de ces enfants. En investissant dans leur éducation, la communauté internationale peut non seulement restaurer des salles de classe, mais aussi redonner espoir et dignité à une génération entière.
Un Futur à Reconstruire
À Gaza, le chemin vers la reconstruction est semé d’embûches, mais il est loin d’être impossible. Les enfants, malgré les traumatismes et les privations, montrent une soif d’apprendre qui ne demande qu’à être nourrie. Les efforts de l’Unicef, des communautés locales et des organisations internationales sont un premier pas, mais ils doivent être amplifiés.
“L’éducation, c’est l’espoir. Sans elle, nous abandonnons ces enfants à un avenir incertain.”
Responsable humanitaire
En regardant les ruines de Gaza, on pourrait croire que tout est perdu. Pourtant, dans les yeux des enfants qui griffonnent sur des ardoises brisées, une lueur persiste. Cette lueur, c’est l’espoir d’un avenir meilleur, un avenir que nous avons le pouvoir de construire ensemble.










