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Gaza : 13 Morts dans les Inondations et le Froid Glacial

Dans la nuit, trois bébés sont morts de froid sous des tentes inondées. À Gaza, la tempête Byron charrie la boue et le désespoir. Comment survivre quand l’eau monte plus vite que l’aide ? Le bilan grimpe déjà à 13 morts…

Imaginez dormir sur un matelas trempé, avec pour seule couverture vos vêtements mouillés. Imaginez votre bébé de quelques mois qui pleure de froid toute la nuit, et que vous ne puissiez rien faire. À Gaza, ce cauchemar est devenu réalité pour des milliers de familles depuis mercredi.

Une tempête nommée Byron s’abat sur une population déjà brisée

Depuis trois jours, la tempête Byron frappe la bande de Gaza de plein fouet. Des pluies diluviennes et des vents violents transforment les camps de tentes en lacs de boue. Treize personnes ont perdu la vie en l’espace de vingt-quatre heures, dont trois enfants morts d’hypothermie. Le chiffre, annoncé vendredi par la Défense civile, pourrait encore s’alourdir.

Ces victimes ne sont pas tombées sous des bombes, mais sous l’eau et le froid. Un drame différent, plus sournois, qui rappelle que la guerre ne s’arrête pas toujours avec les armes.

Treize familles en deuil en une seule nuit

Dans le nord, à Bir al-Naja, six personnes ont été ensevelies quand leur maison précaire s’est effondrée sous le poids de l’eau. Quatre autres décès sont survenus lors de l’écroulement de murs fragilisés par les intempéries. Et puis il y a les trois petits qui n’ont pas survécu à la nuit glaciale.

À l’hôpital Al-Chifa de Gaza-ville, on a prononcé le décès de Hadil Al-Masri, neuf ans, et du tout petit Taim Al-Khawaja, âgé de quelques mois seulement. Plus au sud, à Khan Younès, l’hôpital Nasser a reçu le corps de Rahaf Abou Jazar, huit mois. Trois prénoms qui resteront gravés dans la longue liste des victimes civiles de ce territoire martyrisé.

« Ils ont dormi dans des draps mouillés… Nous n’avons pas de vêtements secs pour nous changer »

Oumm Mouhammad Jouda, habitante d’un camp

Des camps transformés en marécages

À Nouseirat, au centre de la bande de Gaza, les images sont bouleversantes. Des enfants pieds nus pataugent dans une boue épaisse, un bol à la main pour tenter d’écoper l’eau qui envahit leur tente. Les bâches plastiques, censées protéger du vent, claquent et se déchirent. Les matelas flottent littéralement.

Saif Ayman, 17 ans, raconte la nuit où l’eau est montée jusqu’aux genoux à l’intérieur de leur abri : six personnes entassées sur un seul matelas, se couvrant avec leurs vêtements faute de couvertures. « On grelottait tous », confie-t-il, la voix brisée.

Dans le secteur d’Al-Mawassi, désigné comme « zone humanitaire » par Israël, les tentes sont plantées sur du sable qui se transforme en fondrière. Aucun système de drainage, aucune protection contre les vents côtiers. L’eau stagne, les maladies guettent.

L’hypothermie, tueur silencieux des plus fragiles

Les trois bébés morts d’hypothermie ne sont pas des cas isolés. L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme : des milliers de familles vivent dans des zones basses, encombrées de débris, sans le moindre abri étanche. Avec l’arrivée de l’hiver, les températures descendent parfois sous les 10 °C la nuit.

Sans vêtements chauds, sans couvertures imperméables, sans chauffage, le corps des nourrissons ne parvient plus à maintenir sa température. Quelques heures suffisent. Les médecins parlent d’une « catastrophe annoncée » depuis des semaines.

Et ce n’est que le début. L’OMS prévoit une explosion des infections respiratoires aiguës dans les prochains jours, combinée à la stagnation de l’eau et au manque d’hygiène.

Un cessez-le-feu qui n’efface pas deux ans de destruction

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en octobre, les camions d’aide humanitaire circulent un peu plus librement. Mais les quantités restent dramatiquement insuffisantes face aux besoins d’une population dont 90 % a été déplacée au moins une fois.

Les abris d’urgence promis n’ont jamais été construits en nombre suffisant. Les tentes distribuées sont des modèles basiques, prévues pour l’été, pas pour un hiver méditerranéen qui peut être rude. Les bâches se déchirent, les armatures plient sous le vent.

Le ministère de l’Intérieur annonce un bilan provisoire de quatorze morts depuis le début de la tempête mercredi. Un chiffre qui inclut probablement d’autres victimes non encore recensées dans les zones les plus isolées.

Quand la nature achève le travail de la guerre

Ce qui frappe dans cette tragédie, c’est son caractère presque banal. Pas d’explosion, pas de sirène, pas de communiqué militaire. Juste la pluie qui tombe sans discontinuer et des familles qui luttent pour garder leurs enfants au sec.

Dans les décombres d’une guerre qui a rasé des quartiers entiers, les habitants avaient déjà tout perdu. Aujourd’hui, même leurs abris de fortune leur sont arrachés par les éléments. Comme si la nature, indifférente, venait achever ce que les bombes avaient commencé.

Et pendant ce temps, les appels à l’aide se multiplient. Les ONG présentes sur place manquent de tout : tentes renforcées, couvertures thermiques, bottes, médicaments contre les infections respiratoires. Chaque heure compte.

Un hiver qui s’annonce interminable

La tempête Byron n’est que la première dépression majeure de la saison. Les prévisions météo annoncent d’autres épisodes pluvieux dans les prochains jours. Sans intervention massive et immédiate, le bilan risque de s’alourdir de façon dramatique.

Dans les camps, on creuse déjà des rigoles autour des tentes avec des pelles rouillées. On empile des sacs de sable là où il y en a. On prie pour que le vent se calme. Mais la plupart savent que cela ne suffira pas.

Parce qu’à Gaza, survivre à la guerre n’a jamais signifié survivre à ce qui vient après.

Et cette fois, l’ennemi n’a pas de visage. Il tombe du ciel, goutte après goutte, jusqu’à noyer les espoirs les plus tenaces.

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