Le marché européen du gaz naturel est une nouvelle fois secoué. Lundi, le cours du gaz au TTF néerlandais, référence en Europe, a bondi de plus de 13%, atteignant son plus haut niveau de l’année à 38,70 euros le mégawattheure. En cause : un incident sur un gazoduc clé reliant la Norvège au Royaume-Uni, soulignant la vulnérabilité de l’approvisionnement énergétique du Vieux Continent.
L’Europe dépendante du gaz norvégien
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Norvège est devenue le principal fournisseur de gaz naturel de l’Europe, permettant de réduire la dépendance aux hydrocarbures russes. Mais cette situation rend le marché européen très sensible aux aléas de la production norvégienne.
C’est précisément ce qui s’est produit dimanche, avec la fermeture du gazoduc sous-marin Langeled, qui achemine le gaz de la plateforme Sleipner Riser vers le terminal d’Easington au Royaume-Uni, en raison de problèmes techniques. Les livraisons ont été complètement interrompues vers Easington, entraînant une réduction significative des volumes de gaz injectés sur le réseau européen.
Des réparations sont nécessaires sur Sleipner Riser. En conséquence, Langeled a été fermé et cela a débouché à des réductions dans le système de livraison du gaz.
Randi Viksund, directrice communication de Gassco
Un marché sous tension
Cet incident met en lumière la fragilité de la sécurité énergétique européenne. Malgré les efforts pour diversifier les sources d’approvisionnement, le marché reste très réactif à tout événement perturbant les livraisons de gaz, qu’il vienne de Norvège, de Russie ou d’ailleurs.
Bien que les cours soient loin des records atteints après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ils restent très volatils. Cette nouvelle poussée des prix intervient alors même que l’Europe cherche à reconstituer ses stocks en prévision de l’hiver prochain, un exercice rendu plus complexe et coûteux par ce type d’aléas.
Vers une meilleure résilience ?
Face à ces tensions récurrentes, il apparaît crucial pour l’Europe de renforcer sa résilience énergétique. Cela passe par une accélération de la transition vers les énergies renouvelables, mais aussi par une meilleure interconnexion des réseaux gaziers et une plus grande coopération entre pays.
L’incident sur Langeled rappelle également l’importance d’entretenir et de sécuriser les infrastructures stratégiques comme les gazoducs. Car au-delà des enjeux économiques, c’est aussi une question de souveraineté et d’indépendance énergétique pour l’Europe.
En attendant une résolution rapide des problèmes sur Sleipner Riser, les acteurs du marché européen du gaz restent suspendus aux développements en Norvège. Une instabilité qui risque de perdurer tant que l’Europe n’aura pas réussi son pari de la diversification et de la décarbonation de son mix énergétique.