Alors que les tensions s’exacerbent au sein de la gauche française, Raphaël Glucksmann tente un pari audacieux. L’eurodéputé appelle ses alliés de la gauche sociale-démocrate à faire front commun face aux menaces proférées par Jean-Luc Mélenchon. Une prise de position forte qui vise à rassurer son camp, mais qui pourrait aussi attiser les divisions à l’approche des élections législatives.
La gauche à l’épreuve du « rapport de force »
Invité ce dimanche sur France Inter, Raphaël Glucksmann n’a pas mâché ses mots. Il exhorte la gauche « majoritaire », qu’il qualifie de « démocrate, pro-européenne, écologiste et humaniste », à n’avoir « absolument pas peur » de Jean-Luc Mélenchon. Une référence directe aux récentes menaces du leader insoumis d’investir des candidats LFI face aux députés du Nouveau Front populaire (NFP) refusant de voter la censure du gouvernement Bayrou.
Pour l’élu strasbourgeois, il est temps « d’assumer le rapport de force » et « d’avoir notre vision du débat public, des négociations politiques ». Un message d’unité et de fermeté adressé à ses partenaires, dont certains pourraient être tentés de céder aux pressions mélenchonistes par crainte de représailles électorales.
Mélenchon, un allié qui divise
Si Raphaël Glucksmann reconnaît avoir soutenu le NFP pour faire barrage à l’extrême-droite, il tient aujourd’hui à prendre ses distances avec Jean-Luc Mélenchon. Estimant que le NFP n’est « pas un mariage », il appelle la gauche à « parler aux électeurs insoumis » sans pour autant « lier notre destin aux désidératas de Jean-Luc Mélenchon et de son appareil politique. »
« N’ayez pas peur, il ne peut pas nous détruire. »
– Raphaël Glucksmann, s’adressant à la gauche sociale-démocrate
Un pari risqué à l’approche des législatives
En actant publiquement la rupture avec le leader insoumis, Raphaël Glucksmann joue gros. À quelques mois des législatives, cette prise de position pourrait fragiliser l’unité encore précaire de la gauche. Mais pour l’eurodéputé, il s’agit avant tout de réaffirmer l’identité et les valeurs de la gauche sociale-démocrate face à l’hégémonie mélenchoniste.
Un pari audacieux, qui témoigne des profondes dissensions qui traversent aujourd’hui la gauche française. Reste à savoir si cet appel à l’unité suffira à rassurer les troupes socialistes et écologistes, ou si au contraire il ne fera qu’attiser les tensions avec les Insoumis. Une chose est sûre : à l’approche des législatives, la gauche n’a pas fini de se déchirer.