Les élections législatives françaises et britanniques, qui se sont tenues à une semaine d’intervalle, ont vu la gauche triompher des deux côtés de la Manche. Pourtant, malgré cette proximité temporelle, les gauches française et britannique n’ont que peu de choses en commun, que ce soit en termes de programmes, de dynamiques ou de rapports de force politiques.
Une gauche britannique hégémonique, une gauche française en coalition
Outre-Manche, le Parti travailliste a remporté une majorité absolue à la Chambre des Communes, offrant à Keir Starmer les clés de Downing Street sans avoir besoin de nouer des alliances. En France en revanche, si le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête, il restera dépendant du bon vouloir de ses différentes composantes (LFI, PS, EELV, PCF) pour gouverner.
Des lignes économiques opposées
Le Labour de Keir Starmer a fait campagne sur un programme résolument social-démocrate, défendant le rôle d’un État stratège qui accompagne les entreprises et l’économie de marché. À l’inverse, le NFP mené par Jean-Luc Mélenchon prône une rupture avec le capitalisme, un protectionnisme économique affirmé et une hausse massive des dépenses publiques.
Il n’y a pas de fatalité au libre-échange et à la dérégulation.
Jean-Luc Mélenchon, meeting du NFP
Divergences sur l’immigration et l’écologie
Si le NFP défend une politique migratoire ouverte et la régularisation des sans-papiers, le Labour se montre plus ferme, promettant une immigration “juste mais contrôlée”. Des différences existent aussi sur l’écologie : là où les travaillistes visent la neutralité carbone en pariant sur le nucléaire et les énergies renouvelables, le NFP prône une sortie des énergies fossiles et une “planification écologique” dirigiste.
Quelles perspectives pour la gauche en Europe ?
Au-delà de leurs différences programmatiques, ces victoires interrogent sur l’avenir de la gauche en Europe. Alors que les travaillistes semblent avoir trouvé une formule gagnante mêlant justice sociale et réalisme économique, la gauche française apparaît plus divisée que jamais. Une seule certitude : dans un contexte de crise du coût de la vie, la question sociale s’impose comme un incontournable du débat politique européen.
