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Garanties Américaines Exigées avant Toute Concession en Ukraine

Les Européens posent une condition ferme aux États-Unis : aucune concession territoriale à la Russie tant que Washington n’offre pas des garanties de sécurité quasi-otaniennes à l’Ukraine. Une discussion « difficile » a déjà eu lieu entre Macron, Merz, Starmer et Trump. Que va décider l’Amérique ?

Et si la paix en Ukraine dépendait d’un seul mot : garantie ? Alors que les regards se tournent vers Washington et son nouveau locataire, l’Europe et Kiev posent une condition non négociable avant même d’envisager la moindre discussion territoriale avec Moscou.

Des sources proches de la présidence française l’ont affirmé sans ambiguïté : aucune concession sur les territoires occupés ne sera discutée tant que les États-Unis n’auront pas apporté des assurances de sécurité claires, solides et, surtout, crédibles.

Une exigence européenne unanime

Ce n’est pas une simple demande. C’est une ligne rouge. Les Européens, soutenus par les Ukrainiens, veulent des engagements américains qui ressembleraient à ce que l’on appelle, dans le jargon militaire, un « article 5 » de l’OTAN : une attaque contre l’Ukraine serait considérée comme une attaque contre les États-Unis eux-mêmes.

Cette garantie doit être suffisamment claire pour que Moscou comprenne immédiatement le prix d’une nouvelle agression. « Si la Russie envisage de réattaquer, elle devra faire face non seulement aux Européens et aux Ukrainiens, mais aussi aux Américains », a insisté un conseiller proche du président français.

La coalition des volontaires au cœur du dispositif

Une trentaine de pays se sont déjà engagés dans ce que l’on nomme la « coalition des volontaires ». Leur mission ? Renforcer l’armée ukrainienne aujourd’hui, mais aussi, demain, participer à une force de réassurance déployée sur le sol ukrainien dès qu’un cessez-le-feu sera conclu.

Cette présence militaire occidentale, même limitée, doit dissuader toute nouvelle offensive russe. Mais pour que des soldats européens acceptent de s’installer près de la ligne de front, il faut que Washington soit prêt à les couvrir en cas d’attaque.

Sans cette protection américaine, peu de pays seront prêts à envoyer leurs troupes. L’équation est simple : pas de garantie, pas de force de réassurance, pas de cessez-le-feu durable.

Aucune concession territoriale en vue

Ces derniers jours, certaines déclarations avaient semé le trouble. Un conseiller du président Zelensky avait évoqué la possibilité d’une zone démilitarisée de part et d’autre de la ligne de front, laissant entendre qu’une partie du territoire resterait sous occupation russe de facto.

Ces propos ont immédiatement été rectifiés. « Les Ukrainiens n’ont pas fait de deal sur les territoires, n’envisagent pas aujourd’hui de deal sur les territoires, n’envisagent pas de zone démilitarisée », a tranché la présidence française.

Il n’y a aucune ouverture ukrainienne à une démilitarisation des territoires qu’ils contrôlent encore.

Cette mise au point est capitale. Elle montre que Kiev reste ferme sur le principe de l’intégrité territoriale et qu’aucune négociation secrète n’est en cours avec Washington sur ce point.

Une conversation « difficile » avec Donald Trump

Mercredi soir, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président américain Donald Trump ont eu un échange téléphonique. Le mot est faible : la discussion a été « difficile ».

Les divergences portent notamment sur le calendrier. Les Européens souhaitent que les Américains s’alignent d’abord sur un socle commun avant de présenter toute proposition à la Russie. Washington, semble-t-il, envisagerait d’aller plus vite et de négocier directement avec Moscou.

Pour Paris, c’est inacceptable. « Il faut un socle commun ukraino-euro-américain avant toute offre de paix », répète-t-on à l’Élysée. Ce n’est qu’une fois cet accord scellé que les États-Unis pourront exercer leur influence pour convaincre la Russie.

Qu’est-ce qu’un « article 5 » hors OTAN ?

L’idée n’est pas nouvelle. Plusieurs pays non-membres de l’OTAN bénéficient déjà de garanties de sécurité américaines bilatérales : Taïwan, Israël, la Corée du Sud ou encore le Japon dans une certaine mesure.

Pour l’Ukraine, cela pourrait prendre la forme d’un traité de défense mutuelle, d’un mémorandum clair ou même d’une résolution du Congrès américain. L’important n’est pas la forme, mais le message envoyé à Moscou : toute nouvelle agression déclencherait une réponse militaire américaine.

Cette garantie serait d’autant plus crédible qu’elle protégerait aussi les soldats européens déployés dans la force de réassurance. C’est le chaînon manquant pour que le dispositif tienne.

Berlin, prochaine étape décisive ?

Une réunion des dirigeants européens est prévue lundi à Berlin. Emmanuel Macron n’a pas encore confirmé sa présence. « Berlin est une excellente option », a simplement commenté l’Élysée, laissant entendre que d’autres formats pourraient émerger la semaine prochaine.

L’objectif reste le même : forger ce socle commun avant toute discussion avec la Russie. Le temps presse. Chaque jour qui passe voit l’hiver s’installer et les combats continuer.

Derrière les déclarations officielles, une réalité s’impose : sans les États-Unis, l’Europe seule ne peut ni garantir la sécurité de l’Ukraine ni imposer une paix durable à la Russie. Avec les États-Unis, tout devient possible – à condition que Washington accepte de s’engager vraiment.

La balle est désormais dans le camp américain. Et l’Europe, pour une fois, parle d’une seule voix.

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