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Gang de Roubaix : Le Dernier Fuyard Face à la Justice

Il a fui 27 ans, mais la justice l’a rattrapé. Le dernier membre du gang de Roubaix nie tout. Quel secret cache son silence ? La vérité éclatera-t-elle au procès ?

Imaginez un homme qui disparaît pendant près de trois décennies, vivant sous une fausse identité à des milliers de kilomètres de chez lui, avant d’être ramené face à la justice. C’est l’histoire saisissante de Seddik Benbahlouli, présumé membre du tristement célèbre gang de Roubaix, un groupe qui a marqué les années 1990 par une série de braquages violents et une idéologie radicale. Ce vendredi, au premier jour de son procès, cet homme de 55 ans a clamé son refus de participer, contestant chaque accusation portée contre lui. Plongeons dans cette affaire complexe, où se mêlent grand banditisme, radicalisme religieux et une traque internationale qui a duré 27 ans.

Une affaire qui secoue la France des années 90

Dans le nord de la France, à Roubaix, les années 1990 ont été marquées par l’émergence d’un groupe criminel hors norme. Ce gang, souvent qualifié d’islamo-braqueurs, ne se contentait pas de simples vols : il combinait grand banditisme et engagement idéologique radical. Formé autour d’un noyau d’individus fréquentant la mosquée Dawa, ce groupe a attiré l’attention par ses actions violentes et ses ambitions bien au-delà du crime ordinaire.

Leur parcours commence véritablement entre 1994 et 1995, lorsque plusieurs membres se rendent en Bosnie pour rejoindre des brigades de moudjahidines. De retour en France, ils forment un projet audacieux : financer une cause islamiste armée à travers une série de braquages. Entre janvier et mars 1996, leurs attaques, menées avec des armes de guerre, sèment la terreur dans le nord du pays, culminant avec la mort d’un civil lors d’une course-poursuite à Roubaix et plusieurs blessés.

Seddik Benbahlouli : l’homme au cœur du procès

Seddik Benbahlouli, aujourd’hui âgé de 55 ans, est au centre de l’attention. Originaire de Roubaix, titulaire d’un BEP électrotechnique, cet homme à la barbe poivre et sel et au crâne dégarni a passé 27 ans en cavale avant son arrestation aux États-Unis en 2023. Extradé vers la France, il fait face à des accusations graves : tentative de meurtre sur deux policiers, recel de véhicule volé et participation à une association de malfaiteurs.

Je n’ai nullement l’intention de participer à ce procès. J’ai été clair depuis le début, à cause de la violation de mes droits dès les États-Unis.

Seddik Benbahlouli, lors de l’ouverture de son procès

Son attitude lors de la première audience a marqué les esprits. Refusant de coopérer, il a tenté de quitter le box des accusés, obligeant les forces de l’ordre à intervenir. Ce comportement soulève des questions : s’agit-il d’un défi à l’autorité judiciaire ou d’une stratégie pour contester la légitimité du procès ?

Le gang de Roubaix : une machine criminelle

Pour comprendre l’ampleur de cette affaire, il faut remonter à la genèse du gang. Au milieu des années 1990, un groupe d’hommes, réunis par des convictions religieuses radicales, décide de passer à l’action. Leur objectif ? Financer un projet idéologique par des moyens criminels. Voici les grandes étapes de leur parcours :

  • 1994-1995 : Départ en Bosnie pour rejoindre des combattants islamistes.
  • 1995 : Retour en France et formation du gang autour de la mosquée Dawa.
  • Janvier-mars 1996 : Série de braquages violents dans le nord de la France.
  • Fin mars 1996 : Assaut du Raid à Roubaix, démantèlement du gang.

Leur mode opératoire était implacable. Armés de Kalachnikovs et d’autres armes lourdes, ils ciblaient des établissements avec une précision militaire. L’un des épisodes les plus marquants reste l’attaque du 27 janvier 1996 à Croix, où Benbahlouli est accusé d’avoir ouvert le feu sur des policiers, blessant l’un d’eux.

Une cavale de 27 ans : un mystère international

Après la chute du gang en 1996, Benbahlouli disparaît. Pendant 27 ans, il échappe aux radars des autorités françaises. Selon les enquêteurs, son périple l’aurait conduit à travers plusieurs pays : Togo, Burkina Faso, Yémen, Belgique, avant de s’installer aux États-Unis sous une fausse identité. À Philadelphie, il aurait travaillé dans le secteur automobile, menant une vie discrète mais sous constante dissimulation.

Sa famille, restée à Roubaix, n’a plus eu de nouvelles depuis 1996. Les autorités, elles, perdent sa trace dès 1998. Comment un homme recherché pour des crimes aussi graves a-t-il pu vivre aussi longtemps dans l’ombre ? Cette question intrigue autant qu’elle fascine.

Des preuves accablantes ?

Le procès de Benbahlouli repose sur des éléments concrets. Parmi eux, une preuve clé : des traces d’ADN retrouvées dans une tache de sang sur les lieux d’un crime en 1996. Pour l’avocate des parties civiles, Me Blandine Lejeune, ces éléments sont imparables. Pourtant, Benbahlouli nie tout en bloc, mettant en doute la validité des accusations et la procédure d’extradition depuis les États-Unis.

Il y a des éléments imparables : de l’ADN de Benbahlouli a été retrouvé dans une trace de sang sur les lieux du crime.

Me Blandine Lejeune, avocate des parties civiles

Cette confrontation entre preuves matérielles et déni total promet des débats tendus. La cour devra déterminer si ces éléments suffisent à établir la culpabilité de l’accusé, ou si des zones d’ombre persistent dans cette affaire vieille de près de trois décennies.

Un profil sous surveillance

En détention, Benbahlouli est maintenu à l’isolement en raison d’un risque de prosélytisme. Décrit comme très religieux, il consacre beaucoup de temps à la prière, tout en se montrant respectueux envers le personnel pénitentiaire. Ce portrait contraste avec l’image d’un criminel violent dépeint par les accusations. Qui est vraiment cet homme ? Un idéologue radical ou un individu ayant cherché à refaire sa vie loin de son passé ?

Profil Détails
Âge 55 ans
Origine Roubaix, France
Cavale 27 ans (1996-2023)
Accusations Tentative de meurtre, recel, association de malfaiteurs

Un procès sous haute tension

Le procès, qui se tient jusqu’au 27 octobre, promet des moments forts. L’audience de mercredi prochain, où les quatre autres survivants du gang témoigneront, risque d’être particulièrement scrutée. Leurs récits pourraient apporter un nouvel éclairage sur le rôle exact de Benbahlouli dans les événements de 1996. De plus, la comparution des victimes, prévue la semaine prochaine, pourrait confronter l’accusé à la réalité des faits qu’il conteste.

La présidente de la cour a d’ores et déjà prévenu : si nécessaire, Benbahlouli pourrait être contraint de comparaître, notamment lors des témoignages des victimes. Cette fermeté reflète l’importance de ce procès, non seulement pour les parties civiles, mais aussi pour une société encore marquée par les agissements du gang.

Pourquoi cette affaire fascine-t-elle encore ?

L’histoire du gang de Roubaix ne se résume pas à une série de crimes. Elle incarne une période trouble, où la frontière entre criminalité et idéologie s’est brouillée. Voici pourquoi elle continue de captiver :

  • Une traque mondiale : La cavale de Benbahlouli à travers plusieurs continents intrigue.
  • Un mélange explosif : L’alliance entre banditisme et radicalisme religieux est rare et troublante.
  • Des questions en suspens : La vérité sur le rôle de chaque membre du gang reste floue.

Ce procès, au-delà de juger un homme, rouvre une page sombre de l’histoire française. Il questionne la capacité d’un individu à échapper à la justice pendant des décennies, mais aussi les mécanismes qui permettent à des groupes criminels de se former autour d’idéologies extrêmes.

Quel avenir pour Seddik Benbahlouli ?

Alors que le procès se poursuit, l’issue reste incertaine. Benbahlouli risque une lourde peine, similaire à celles prononcées contre les autres membres du gang (entre 15 et 25 ans de réclusion). Pourtant, son refus de coopérer et ses déclarations sur une supposée violation de ses droits aux États-Unis pourraient compliquer les débats. La justice parviendra-t-elle à établir la vérité, ou ce procès laissera-t-il encore des zones d’ombre ?

Une chose est sûre : cette affaire, par son ampleur et son contexte, continuera de marquer les esprits. Elle rappelle que le passé, même enfoui sous 27 ans de silence, finit toujours par ressurgir.

Le verdict, attendu d’ici le 27 octobre, pourrait clore un chapitre vieux de près de trois décennies. Mais la vérité, elle, reste peut-être encore à découvrir.

Ce procès, plus qu’un simple jugement, est une plongée dans une époque et un phénomène complexe. Les témoignages à venir, les preuves matérielles et l’attitude de l’accusé seront scrutés avec attention. Pour l’heure, une question demeure : Seddik Benbahlouli est-il le dernier rouage d’une machine criminelle, ou un homme injustement rattrapé par son passé ?

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