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Gabon: Élection Présidentielle Programmée le 12 Avril 2025

Le Gabon se prépare à tourner la page de la junte militaire. L'élection présidentielle, prévue le 12 avril 2025, marquera une étape cruciale vers le retour à un régime civil après le coup d'État de 2023. Quels sont les enjeux de ce scrutin qui suscite déjà de vives réactions ?

Le Gabon s’apprête à vivre un moment charnière de son histoire. Près de deux ans après le coup d’État qui a renversé la dynastie Bongo, la junte militaire au pouvoir a annoncé la tenue de l’élection présidentielle le 12 avril 2025. Un scrutin décisif qui doit marquer le retour à un régime civil dans ce pays d’Afrique centrale.

La fin programmée du régime militaire

C’est par la voix de son porte-parole Séraphin Akuré Davain que le gouvernement de transition gabonais a officialisé la date de la présidentielle. Une annonce qui confirme la volonté affichée par la junte de rendre le pouvoir aux civils, conformément à ses engagements pris lors de la prise du pouvoir en août 2023.

Le général Brice Oligui Nguema, figure de proue du « Comité pour la transition et la restauration des institutions » (CTRI) qui a chassé Ali Bongo, ne cache cependant pas ses ambitions présidentielles selon des sources proches du pouvoir. Une participation qui soulève déjà des critiques parmi l’opposition.

Un calendrier électoral respecté

Jusqu’à présent, la junte a scrupuleusement suivi le calendrier de la transition, allant même jusqu’à prendre de l’avance sur certains points. La révision des listes électorales a ainsi été lancée avec trois mois d’avance, tandis qu’un nouveau code électoral vient d’être adopté.

Ce texte autorise sous conditions les magistrats et militaires à se présenter aux élections, une disposition controversée que certains opposants voient comme un moyen pour l’armée de garder la main sur le processus politique. Ils y voient également une mesure taillée sur mesure pour permettre au général Oligui de se maintenir au pouvoir.

Une nouvelle Constitution pour tourner la page Bongo

Autre étape clé franchie par le régime de transition : l’adoption d’une nouvelle Constitution en septembre dernier, plébiscitée par référendum en novembre. Cette loi fondamentale consacre notamment la fin des mandats présidentiels illimités et de la transmission dynastique du pouvoir, pratiques sous l’ère Bongo.

Le texte grave aussi dans le marbre la prise du pouvoir par l’armée le 30 août 2023 en instaurant une « fête de la libération ». Il exonère en outre « les acteurs des événements » ayant conduit au renversement d’Ali Bongo de toute poursuite ou condamnation.

Des réactions contrastées au sein de la classe politique

L’annonce de la date de la présidentielle suscite des réactions mitigées parmi les acteurs politiques gabonais. Si certains saluent le respect du calendrier de transition, d’autres émettent des doutes sur la sincérité du processus et les intentions réelles de la junte.

Des partis issus de l’ancienne opposition comme de l’ex-majorité présidentielle sont représentés au sein du parlement de transition mis en place par l’armée. Mais tous n’approuvent pas la tournure prise par les événements, craignant que les militaires ne cherchent à perpétuer leur emprise sur les institutions.

Un pays sous haute surveillance

Au-delà des enjeux politiques internes, l’élection présidentielle gabonaise sera scrutée avec attention par la communauté internationale. Le Gabon, important producteur de pétrole, est un partenaire stratégique des puissances occidentales dans une région marquée par l’instabilité.

La France, ancienne puissance coloniale qui entretenait des liens étroits avec la famille Bongo, suit de près la situation, de même que les États-Unis et l’Union européenne. Ces acteurs attendent du futur scrutin qu’il permette un retour à l’ordre constitutionnel et pose les bases d’une véritable démocratisation du pays.

Les défis de la reconstruction démocratique

Au-delà de l’échéance électorale, le Gabon devra relever de nombreux défis pour réussir sa mue démocratique après des décennies de pouvoir dynastique et près de deux ans de régime militaire. Parmi les chantiers prioritaires figurent :

  • La réforme des institutions pour les rendre plus inclusives et représentatives
  • Le renforcement de l’État de droit et de l’indépendance de la justice
  • La lutte contre la corruption endémique qui gangrène l’économie et la vie publique
  • La relance économique et la redistribution des richesses au profit des populations
  • La réconciliation nationale et l’apaisement des tensions politiques et sociales

Autant de chantiers titanesques pour le futur pouvoir civil qui émergera des urnes en avril 2025. Un pouvoir qui sera attendu au tournant, tant par les Gabonais épris de changement que par les partenaires étrangers du pays. L’avenir démocratique du Gabon se jouera dans les mois et années qui viennent.

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