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Gabon : Des Jeunes Interpellés et Tondus pour Violation du Couvre-Feu

Au Gabon, le nouveau régime sévit : des centaines de jeunes interpellés et tondus de force pour avoir bravé le couvre-feu. Une répression qui soulève l'indignation et jette une ombre inquiétante sur l'avenir du pays. Que se passera-t-il ensuite ?

Dans les rues sombres et désertées des villes gabonaises, une menace plane. Non pas celle des malfaiteurs nocturnes, mais celle d’un régime déterminé à imposer son autorité par tous les moyens. Depuis le coup d’État qui a porté au pouvoir le général Oligui en août 2023, un couvre-feu strict est en vigueur. Et gare à ceux qui osent le braver : les représailles sont sévères et humiliantes.

Des centaines d’interpellations et des tonsures punitives

Ce week-end, une vague d’interpellations a déferlé sur le pays. Selon des sources concordantes, plusieurs dizaines de jeunes ont été arrêtés par les forces de l’ordre pour avoir violé le couvre-feu. Mais l’arrestation n’était que le début de leur calvaire. Certains d’entre eux affirment avoir été tondus de force, une mesure punitive et dégradante qui semble devenir la marque de fabrique du nouveau régime.

La gendarmerie nationale, sur sa page Facebook, a fait état de 348 interpellations au cours d’une opération « coup de poing » menée dans la nuit de samedi à dimanche. Les motifs invoqués : « braquages » et « violations du couvre-feu ». Aucun autre détail n’a été fourni, laissant planer le doute sur les circonstances exactes et la proportionnalité de cette répression nocturne.

La tonsure comme arme de soumission

Mais ce sont surtout les images de jeunes hommes tondus qui ont enflammé les réseaux sociaux et suscité l’indignation. Cette pratique humiliante n’est pas nouvelle sous le régime du général Oligui. Elle a déjà été imposée à un adolescent auteur d’une vidéo jugée outrageante envers le chef de l’État, à des groupes accusés de semer la peur, et même à des syndicalistes ayant appelé à la grève. La tonsure est devenue l’arme de choix pour mater toute velléité de rébellion et imposer une soumission totale au nouveau pouvoir.

La société civile s’insurge

Face à ces dérives autoritaires, des voix s’élèvent dans la société civile gabonaise. Le mouvement « COPIL citoyen » a vivement dénoncé ces « actes inacceptables perpétrés par les forces de défense et de sécurité », réclamant l’ouverture d’une enquête indépendante. Mais dans un contexte de transition post-putsch, où le chef de la junte s’arroge tous les pouvoirs, la marge de manœuvre des contestataires semble bien mince.

Nous sommes dans une période de transition et on ne sait pas quelles sont les velléités cachées, on ne sait pas qui est capable de faire quoi, c’est une période exceptionnelle dans notre pays

Laurence N’Dng, ministre de l’Information

Pour justifier le maintien du couvre-feu, la ministre de l’Information Laurence N’Dng invoque un « régime d’exception » et la nécessité de « veiller plus à la sécurité ». Une rhétorique sécuritaire classique pour museler toute opposition et justifier une répression aveugle. Malgré le référendum sur une nouvelle Constitution et les prétendues consultations sur une réforme électorale, l’espoir d’un retour rapide à un régime civil semble s’éloigner.

Un avenir sombre pour la jeunesse gabonaise

Pour la jeunesse gabonaise, prise en étau entre un couvre-feu liberticide et la volonté affichée du général Oligui de se maintenir au pouvoir, les perspectives sont bien sombres. Combien de temps encore devront-ils subir ces arrestations arbitraires et ces humiliations ? Combien de crânes tondus avant que leur voix ne soit entendue ? Le Gabon, jadis réputé comme un havre de stabilité en Afrique centrale, glisse chaque jour un peu plus vers l’autoritarisme. Et ce sont ses enfants qui en paient le prix fort, voyant leur avenir hypothéqué par les ambitions d’un homme et la brutalité d’un système qui les broie.

Le mouvement citoyen appelle à la vigilance de la communauté internationale face à cette dérive inquiétante. Car sans pression extérieure, sans soutien aux aspirations démocratiques de la société civile, le Gabon risque de s’enfoncer durablement dans la nuit de la dictature. Et ses jeunes, tondus et bâillonnés, pourraient ne jamais revoir la lumière de la liberté.

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