Imaginez un monde où les grandes puissances se réunissent sous le soleil brûlant de Johannesburg, dans une ambiance électrique mêlée de danses zouloues et de berlines rutilantes. Ce jeudi 20 février 2025, l’Afrique du Sud a ouvert une réunion historique des ministres des Affaires étrangères du G20, un événement qui marque un tournant pour le continent. Mais derrière les discours enflammés et les promesses d’unité, une question flotte dans l’air : le multilatéralisme, ce pilier tant vanté de l’ordre mondial, peut-il encore tenir face aux fissures géopolitiques qui s’élargissent chaque jour ?
Un G20 Historique en Terre Africaine
Pour la première fois, un pays africain préside le G20, et pas n’importe lequel : l’Afrique du Sud, une nation aux ambitions affirmées sur la scène internationale. Lors de l’ouverture à Johannesburg, le président sud-africain a pris la parole avec gravité, soulignant l’importance cruciale du multilatéralisme et du droit international. Ces principes, hérités de la charte des Nations unies, sont présentés comme le socle indispensable pour maintenir une coexistence mondiale déjà mise à rude épreuve.
Mais ce n’est pas qu’une question de mots. Cette réunion, qui s’étend sur deux jours, pose les jalons d’un sommet prévu en novembre, le tout premier organisé en Afrique. Un moment symbolique, certes, mais aussi un test grandeur nature pour une diplomatie sud-africaine qui veut peser dans un monde en plein bouleversement.
Une Scène Tendue par les Crises Mondiales
Le décor est planté : des tensions géopolitiques qui s’intensifient, des conflits armés qui ravagent des régions entières, et des crises globales qui frappent sans distinction. Le président sud-africain n’a pas mâché ses mots en citant les guerres en Ukraine, au Proche-Orient et en République démocratique du Congo. Ces foyers de violence, selon lui, ne sont que la partie émergée d’un iceberg bien plus inquiétant.
Les tensions géopolitiques, la montée de l’intolérance, les guerres, le changement climatique et l’insécurité alimentaire menacent une coexistence mondiale fragile.
– Une voix officielle sud-africaine
À cela s’ajoutent des défis qui dépassent les frontières : le changement climatique, les pandémies, et une insécurité énergétique qui pèse sur les populations. Autant de sujets brûlants qui seront débattus lors de cette première session, centrée sur la situation géopolitique mondiale, comme l’a annoncé le chef de la diplomatie sud-africaine.
Une Ouverture Haut en Couleur, mais en Retard
Le coup d’envoi de cette réunion n’a pas manqué de panache. Dans un parc des expositions voisin du mythique stade Soccer City – celui de la finale de la Coupe du monde 2010 –, les diplomates ont été accueillis au son des rythmes syncopés des danses zouloues. Pourtant, l’élégance des berlines défilant sous un ciel clair a été ternie par un retard de plus de trente minutes. Un faux départ qui reflète peut-être les défis logistiques d’un événement de cette ampleur en terre africaine.
Mais au-delà de cette anecdote, c’est l’absence de certaines figures clés qui a marqué les esprits. Le chef de la diplomatie américaine, notamment, a brillé par son absence, snobant ce rendez-vous inaugural. Une décision qui n’est pas passée inaperçue, surtout dans un contexte de relations tendues entre Pretoria et Washington.
Les États-Unis et l’Afrique du Sud : un Froid Diplomatique
Les désaccords entre les deux nations ne datent pas d’hier, mais ils se sont cristallisés autour de plusieurs dossiers sensibles. D’après une source proche des discussions, les États-Unis reprochent à l’Afrique du Sud une posture jugée anti-américaine, notamment en raison d’une loi récente sur l’expropriation des terres. Cette législation, promulguée en début d’année, a suscité la colère de certains dirigeants outre-Atlantique, qui y voient un traitement injuste des descendants des premiers colons européens.
Un sénateur américain influent a même publiquement critiqué Pretoria, tandis que le président des États-Unis a dénoncé ce qu’il considère comme une dérive. À cela s’ajoute un autre point de friction majeur : la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice, accusant ce dernier de génocide. Une initiative qui a exacerbé les tensions avec la Maison Blanche.
- Absence notable du chef de la diplomatie américaine à Johannesburg.
- Le secrétaire au Trésor américain boycotte également une réunion au Cap.
- Des désaccords profonds sur des questions de politique intérieure et internationale.
Le Multilatéralisme à l’Épreuve des Absences
L’absence des États-Unis ne se limite pas à Johannesburg. Le secrétaire au Trésor américain a annoncé qu’il ne participerait pas à une réunion des ministres des Finances du G20 prévue la semaine prochaine au Cap, invoquant des obligations à Washington. Une excuse qui sonne creux pour certains observateurs, qui y voient plutôt un message politique clair.
Ces défections posent une question cruciale : comment le G20 peut-il prétendre incarner le multilatéralisme si des acteurs majeurs choisissent de se désengager ? Pour l’Afrique du Sud, qui mise sur cet événement pour asseoir son influence, c’est un défi de taille. Le pays veut montrer qu’il peut fédérer les nations autour d’une vision commune, mais les absences de poids lourds comme les États-Unis risquent de fragiliser cette ambition.
Afrique du Sud : une Voix qui Compte ?
En prenant la présidence du G20, l’Afrique du Sud s’est donné une mission : porter les préoccupations du continent africain sur la scène mondiale. Les enjeux sont immenses : climat, sécurité alimentaire, conflits régionaux… Mais cette volonté se heurte à une réalité brutale. Les grandes puissances, occupées par leurs propres agendas, semblent parfois reléguer l’Afrique au second plan.
Pourtant, le pays ne manque pas d’arguments. En plaçant le droit international au cœur de son discours, il rappelle aux nations leur responsabilité collective. Et en accueillant ce G20, il prouve que l’Afrique peut être un acteur incontournable, capable d’organiser des événements d’envergure et de peser dans les débats globaux.
Vers un Sommet de Novembre Décisif
La réunion de Johannesburg n’est qu’un prélude. D’ici novembre, lorsque les chefs d’État se réuniront pour le sommet final, les tensions actuelles auront-elles trouvé une résolution ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que l’Afrique du Sud compte bien profiter de cette tribune pour faire entendre sa voix et celle d’un continent trop souvent oublié.
Entre les absences diplomatiques, les crises mondiales et les ambitions africaines, ce G20 s’annonce comme un miroir des défis de notre époque. Un monde fracturé peut-il encore trouver un terrain d’entente ? La réponse, peut-être, viendra de ce coin vibrant d’Afrique.
Un rendez-vous qui pourrait redéfinir les alliances mondiales… ou révéler leurs limites.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Le multilatéralisme a-t-il encore un avenir dans un monde aussi divisé ? Une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs, et l’Afrique du Sud est bien décidée à laisser sa marque.