C’est un véritable rebondissement qui se profile dans le paysage des télécommunications au Royaume-Uni. Alors que leur projet de fusion à 19,7 milliards d’euros faisait l’objet d’une enquête approfondie depuis avril dernier, les opérateurs Vodafone et Three UK viennent de marquer des points décisifs. En effet, l’autorité britannique de la concurrence, la Competition and Markets Authority (CMA), a laissé entendre mardi qu’elle pourrait finalement donner son feu vert à cette opération qui redessinera en profondeur le marché outre-Manche.
Un changement de position inattendu
Il faut dire que les inquiétudes initiales du régulateur étaient loin d’être anodines. En réduisant de quatre à trois le nombre d’opérateurs, cette fusion laissait planer le spectre d’une envolée des prix pour les consommateurs. Une crainte clairement exprimée par la CMA en septembre dernier. Mais c’était sans compter sur la force de persuasion et les engagements des deux entreprises concernées.
11 milliards de livres sur la table
Pour faire pencher la balance en leur faveur, Vodafone et Three UK ont en effet sorti l’artillerie lourde. Les deux groupes se sont engagés à investir pas moins de 11 milliards de livres, soit plus de 13 milliards d’euros, «pour moderniser le réseau». Un effort colossal qui se traduira notamment par un déploiement accéléré de la 5G à travers le pays. Une promesse qui semble avoir fait mouche auprès de la CMA.
Combiné à des protections à court terme des clients, cet engagement pourrait résoudre les problèmes de concurrence.
La Competition and Markets Authority
Car au-delà de la montée en gamme technologique, les deux opérateurs ont également consenti des garanties pour préserver les intérêts des consommateurs. Maintien de certains tarifs et forfaits de données pendant au moins 3 ans, respect des prix convenus avec les opérateurs mobiles virtuels… Autant de garde-fous qui ont fini de convaincre le régulateur du bien-fondé de l’opération.
Une décision finale attendue avant décembre
Si la CMA semble aujourd’hui pencher en faveur de la fusion, rien n’est encore totalement scellé. L’autorité a annoncé l’ouverture d’une consultation sur les mesures proposées avant de rendre son avis définitif. Verdict attendu au plus tard le 7 décembre prochain. D’ici là, Vodafone et Three UK peuvent en tout cas se frotter les mains. En cas de feu vert, leur rapprochement donnera naissance à un véritable mastodonte outre-Manche, fort de plus de 27 millions d’abonnés mobiles.
Le Royaume-Uni en retard sur la 5G
Un nouveau leader qui aura à cœur de rattraper le retard pris par le pays en matière d’infrastructures numériques. Car pour l’heure, force est de constater que le Royaume-Uni est à la traîne comparé à ses voisins européens. Un décalage que la nouvelle entité issue de la fusion entend bien combler au plus vite, comme l’ont martelé Vodafone et Three dans un communiqué commun.
Cette fusion est une opportunité unique de transformer l’infrastructure numérique du Royaume-Uni, qui accuse un retard considérable par rapport à ses homologues européens.
Communiqué de Vodafone et Three UK
Un constat partagé par de nombreux observateurs du secteur. Le cabinet d’analyse Assembly Research estime ainsi que la couverture 5G du pays plafonne autour de 40%, loin derrière des nations comme les Pays-Bas ou le Danemark qui dépassent allègrement les 90%. Un écart que le futur géant issu de la fusion Vodafone-Three aura à cœur de combler rapidement, pour peu que le feu vert tant attendu de la CMA soit au rendez-vous.
Les enjeux pour les consommateurs
Au-delà des impacts sur le déploiement des réseaux, cette probable fusion soulève inévitablement des questions pour les millions de clients des deux opérateurs. Si les engagements pris auprès de la CMA devraient permettre de contenir l’inflation des tarifs à court terme, qu’en sera-t-il à plus long terme ?
Avec un acteur en moins sur le marché, certains craignent une réduction de la concurrence synonyme de prix plus élevés et de moins de choix pour les utilisateurs. Une inquiétude balayée par les deux groupes, qui estiment au contraire que leur rapprochement «stimulera la concurrence entre les opérateurs» à horizon plus lointain. Le régulateur semble avoir été sensible à cet argument, tout en prévoyant des garde-fous pour parer à toute dérive.
Il faudra donc suivre avec attention l’évolution de cette nouvelle donne dans les télécoms britanniques. Entre promesses d’investissements massifs, enjeux de souveraineté numérique et défis concurrentiels, le feuilleton de la fusion Vodafone-Three pourrait bien continuer à faire couler beaucoup d’encre dans les mois à venir. Les consommateurs seront en tout cas aux premières loges pour en mesurer les répercussions au quotidien.