Rebondissement de taille dans le dossier brûlant de la réforme de l’audiovisuel public. Alors que les débats devaient s’ouvrir ce jeudi à l’Assemblée nationale, le gouvernement a dû se résoudre à reporter l’examen du texte au mois de juin. En cause : un calendrier parlementaire surchargé, mais surtout une mobilisation sans précédent des salariés du secteur, en grève massive pour dénoncer un projet jugé précipité et inquiétant.
Les syndicats crient victoire
Pour les organisations syndicales, ce report est vécu comme un premier succès. “Votre grève très forte aujourd’hui fait déjà bouger les lignes“, s’est félicitée Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, venue apporter son soutien aux manifestants rassemblés près du ministère de la Culture. De Radio France à France Télévisions en passant par France Médias Monde, tous les médias publics ont été fortement perturbés ce jeudi, avec des antennes réduites à la portion congrue.
On n’est pas contre une évolution de nos médias mais on ne veut pas que ça se fasse de manière précipitée pour satisfaire l’agenda politique de notre ministre.
– Mathilde Goupil, déléguée syndicale SNJ à France Télévisions
Un projet controversé
Porté tambour battant par la ministre de la Culture Rachida Dati, ce projet de réforme vise à fusionner France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA au sein d’une société unique baptisée “France Médias”. L’objectif affiché est de mutualiser les forces de l’audiovisuel public face à la concurrence exacerbée des plateformes et réseaux sociaux. Mais les salariés redoutent une remise en cause de leurs métiers et une cure d’austérité budgétaire.
- La réforme prévoit une holding commune dès le 1er janvier 2025
- Puis une fusion complète un an plus tard, au 1er janvier 2026
- Environ 16 000 salariés sont concernés par ce big bang
Un calendrier à revoir
Si le report de l’examen à l’Assemblée donne un peu d’air aux opposants, le gouvernement n’entend pas renoncer à sa réforme pour autant. Mais le calendrier devra sans doute être revu, alors que la ministre espérait une adoption express pour une mise en œuvre dès 2026. “C’est très mal parti pour faire passer cette réforme“, pronostique un député de la majorité. La bataille ne fait que commencer.