Au cœur de la nuit marseillaise, dans un bar mal famé, un simple geste de politesse refusé a dégénéré en bain de sang. Abdelaziz Saad, le tireur, vient d’écoper de 18 ans de réclusion criminelle pour cette tentative de meurtre aussi violente que gratuite. Récit d’un fait divers glaçant, symptomatique d’une ville minée par la criminalité.
Une soirée qui tourne au drame pour une poignée de main
Nous sommes en août 2019, il est près de 3 heures du matin à L’Olympique Café, un troquet du quartier Saint-Charles réputé pour sa faune interlope. Abdelwaheb B., colosse de 110 kilos en situation irrégulière, s’arrête pour boire une bière après une partie de pêche nocturne. C’est alors qu’entre Abdelaziz Saad, alcoolisé et armé. Ce dernier tend la main à Abdelwaheb en guise de salut. Mais le pêcheur, peu enclin aux civilités vu l’heure tardive, refuse de la lui serrer.
Un refus qui va lui valoir deux balles de 9mm dans le corps. Saad, vexé et échauffé par l’alcool, sort son arme et tire à deux reprises avant de s’enfuir en voiture. Abdelwaheb B. est grièvement blessé mais survivra. Le motif de cette tentative de meurtre ? Un puéril refus de poignée de main, qui révèle la nervosité et la violence latente régnant dans certains quartiers marseillais.
Marseille, ville sous tension
Cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Selon une source policière, les règlements de comptes pour des motifs dérisoires sont monnaie courante à Marseille, notamment dans les quartiers populaires :
Sur fond de trafics en tous genres et de misère sociale, la violence peut exploser à tout moment, pour un regard de travers ou une parole plus haute que l’autre. Les armes circulent et la vie semble tenir à peu de chose.
La ville serait-elle en train de sombrer dans une spirale criminelle incontrôlable ? Les autorités se veulent rassurantes, soulignant les efforts déployés ces dernières années pour endiguer le fléau. Mais les habitants, eux, continuent de vivre dans la peur des coups de feu et des règlements de comptes.
La vie brisée d’Abdelaziz Saad
Quant à Abdelaziz Saad, sa vie bascule à l’âge de 30 ans. Le voilà condamné à 18 ans de réclusion criminelle, une peine à la hauteur de son geste insensé. Son casier judiciaire déjà bien rempli n’a pas plaidé en sa faveur. Aux yeux de la justice, il est un danger pour la société qu’il faut neutraliser.
Mais derrière le geste criminel se cache souvent un destin fracassé, une vie précaire faite de petits boulots, d’addictions et de mauvaises fréquentations. Abdelaziz Saad est aussi le produit d’une société qui fabrique de la violence et de l’exclusion. Une réalité qui n’excuse en rien son crime, mais qui interroge sur les racines profondes du mal.
Une peine lourde pour l’exemple
Avec cette condamnation sévère, la justice entend adresser un message clair : la violence gratuite et aveugle sera durement réprimée. Une peine exemplaire censée dissuader d’éventuels imitateurs et apaiser un peu la psychose ambiante.
Mais suffira-t-elle à résoudre le problème de fond ? Marseille et ses quartiers Nord garderont-ils longtemps encore leur triste réputation de Far West français ? L’avenir le dira, mais il faudra plus que des peines de prison pour soigner les maux profonds d’une ville rongée par la pauvreté et la criminalité. Une politique de la ville repensée, un meilleur accompagnement social et des perspectives d’avenir pour la jeunesse déshéritée constitueraient sans doute des remèdes plus efficaces à long terme que la seule réponse carcérale.
En attendant, la vie continue dans les rues de Marseille, toujours sur le qui-vive. Et l’Olympique Café, théâtre de ce drame absurde, a rouvert ses portes. Comme si de rien n’était, ou presque. Un refus de poignée de main, deux coups de feu et une vie brisée : la brutalité du quotidien concentrée en quelques secondes. Puisse cette histoire glaçante servir de piqûre de rappel et de prise de conscience, pour que Marseille se réinvente un avenir loin de la violence.