Les riverains de la rue Guillaume-Apollinaire à Bondy ont eu la peur de leur vie dans la nuit de mardi à mercredi. Réveillés en sursaut par des coups de feu, ils ont immédiatement alerté la police. Sur place, les forces de l’ordre ont pris en chasse un véhicule volé avec quatre individus cagoulés à bord, qui ont finalement abandonné leur voiture deux kilomètres plus loin, prenant la fuite à pied. Mais la découverte qui attendait les enquêteurs dans l’habitacle a de quoi glacer le sang : une kalachnikov avec des munitions était cachée à l’intérieur. Les suspects courent toujours.
Pluie de balles en plein Bondy
Il est un peu plus d’une heure du matin ce mercredi quand le standard de la police est saturé par les appels affolés des habitants de la rue Guillaume-Apollinaire. À l’autre bout du fil, des détonations et des crissements de pneus. Rapidement, un équipage de la BAC repère deux véhicules qui tentent de quitter les lieux à toute vitesse. L’un des deux, signalé volé, a quatre personnes à bord, visages masqués. Malgré les injonctions, le chauffard refuse de s’arrêter et fonce vers Noisy-le-Sec.
Une course-poursuite s’engage alors dans les rues de cette commune de Seine-Saint-Denis. Dans la rue Bodin, un des passagers saute du véhicule en marche et s’enfuit en courant. Ses trois complices l’imitent quelques centaines de mètres plus loin, abandonnant la voiture volée rue Denfert-Rochereau avant de disparaître dans la nuit. Les policiers qui inspectent le véhicule font alors une découverte glaçante.
Un fusil d’assaut et des douilles
Dans l’habitacle, les forces de l’ordre mettent la main sur un fusil d’assaut de type kalachnikov, avec un chargeur garni. De retour rue Guillaume-Apollinaire, les techniciens de la police scientifique relèvent au sol quatre étuis percutés de calibre 7,62 millimètres, correspondant aux munitions traditionnellement utilisées par ce type d’arme de guerre. Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer et aucune trace de sang n’a été retrouvée sur place.
L’enquête, confiée au SDPJ 93, devra déterminer le mobile de ces tirs et l’identité des tireurs. S’agit-il d’un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants ? Une intimidation dans le cadre d’une rivalité entre bandes ? Si le quartier avait déjà été le théâtre de violences par arme à feu, la présence d’un fusil d’assaut de type kalachnikov n’avait encore jamais été signalée à Bondy.
Vague d’inquiétude chez les habitants
Dans cette ville de Seine-Saint-Denis de plus de 53 000 âmes, c’est la consternation et l’inquiétude ce mercredi matin. Parents d’élèves, commerçants, élus locaux, tous décrivent une “nuit de cauchemar” et une “escalade de la violence” dans ce département déjà marqué par de fortes tensions. Beaucoup espèrent que ces coups de feu en pleine rue resteront un événement isolé et que la saisie de la kalachnikov permettra à l’enquête d’avancer rapidement. Un important dispositif de sécurité a été mis en place.
En attendant, la psychose s’installe parmi la population, sous le choc. “On a eu très peur, on ne s’attendait pas à ça ici. Maintenant on a peur de sortir de chez nous”, nous confie une mère de famille qui a requis l’anonymat. La municipalité promet un renforcement des patrouilles de police municipale et nationale, avec une attention particulière portée au quartier touché par la fusillade.
Reste à savoir si cela suffira à rassurer des habitants pris entre colère et résignation, dans une département gangréné par le trafic d’armes et de drogue. Les quatre suspects activement recherchés seront-ils interpellés rapidement ? Parviendra-t-on à endiguer la prolifération d’armes de guerre dans nos villes ? Bondy, symbole des tensions qui traversent nos banlieues, retient son souffle. La Seine-Saint-Denis aussi.