C’est une candidature qui fait grand bruit. Philippe Poutou, porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et figure bien connue de la gauche radicale, se présente aux élections législatives dans l’Aude sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Une investiture lourde de polémiques étant donné les positions controversées du NPA, notamment sur le conflit israélo-palestinien.
Le NPA dans la tourmente
Le parti de Philippe Poutou s’était en effet illustré en mai dernier en apportant son soutien aux “moyens de lutte” utilisés par les Palestiniens, le jour même où le Hamas lançait des attaques meurtrières contre Israël. Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçant dans la foulée l’ouverture d’une enquête visant le NPA pour apologie du terrorisme.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que Philippe Poutou fait parler de lui pour de mauvaises raisons. En mars dernier, lors d’émeutes à La Courneuve, il avait salué sur Twitter un “joli feu d’artifice” en référence aux tirs de mortiers et jets de cocktails Molotov visant le commissariat. Un soutien assumé aux émeutiers qui en dit long sur sa radicalité.
Candidat du Front Populaire dans l’Aude
C’est donc ce profil sulfureux que le Nouveau Front Populaire a choisi d’investir dans la 1re circonscription de l’Aude, celle de Carcassonne-Lézignan. Philippe Poutou y affrontera notamment le député RN sortant Christophe Barthès et l’ancien député-maire PS de Carcassonne Jean-Claude Pérez, soutenu par la majorité présidentielle.
Selon le premier secrétaire du PS Olivier Faure, il n’y aurait pas de problème à avoir un candidat NPA, se disant “pas mal à l’aise” avec cette idée. Une position loin d’être partagée par les socialistes locaux qui voient d’un très mauvais œil la candidature Poutou et entendent bien la combattre.
Poutou veut incarner la radicalité
Le porte-parole du NPA, qui en est à sa 3e candidature à la présidentielle, assume pleinement vouloir incarner “la personne la plus radicale possible” pour représenter la NUPES. Se disant plus proche de Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin que des socialistes, il entend bien tirer le Front Populaire vers la gauche de la gauche.
Une stratégie qui risque cependant de se heurter aux réalités électorales d’une circonscription qui a placé le RN en tête au 1er tour de la présidentielle et de la dernière législative partielle. Les électeurs apprécieront-ils ce virage à gauche toute dans un territoire qui penche plutôt à droite ? Réponse les 1er et 8 juin prochains.
Premier ministre Poutou ?
Non content de viser un siège de député, Philippe Poutou a également annoncé qu’il serait candidat au poste de Premier ministre si la NUPES obtenait la majorité à l’Assemblée nationale. Une ambition qui peut prêter à sourire quand on connaît le poids électoral du NPA, mais qui en dit long sur les appétits de pouvoir de son leader.
Reste à savoir si Jean-Luc Mélenchon et les autres chefs de file du Front Populaire le laisseront aller au bout de cette démarche ou s’ils lui préfèreront un profil plus consensuel et moins clivant. Car c’est bien là tout le paradoxe de la candidature Poutou : en voulant incarner la radicalité du Front Populaire, ne risque-t-il pas finalement de le desservir et de braquer une partie de l’électorat ? Les prochaines semaines nous le diront.