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Fraudes présumées au Burkina Faso : L’ancien régime dans la tourmente

Burkina Faso : Le régime de l'ex-président Kaboré ébranlé par des accusations de fraudes. D'anciens hauts responsables, dont un ministre, mis en examen. L'ex-président de l'Assemblée nationale également dans le viseur de la justice pour des malversations présumées...

Le parquet de Ouagadougou a annoncé vendredi la mise en examen de plusieurs anciens membres du régime de l’ex-président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, renversé lors d’un coup d’État en janvier 2022, pour des fraudes présumées liées à des fonds publics. Parmi les personnes visées figurent un ex-ministre et de proches collaborateurs de l’ancien chef de l’État.

Un ancien ministre et des proches de Kaboré inculpés

Selon le procureur du Faso Blaise Bazié, quatre personnes physiques et deux personnes morales ont été formellement mises en examen pour des faits de fraude à la commande publique, surfacturation, et faux en écriture liés à la réhabilitation du stade du 4 août de Ouagadougou. Parmi elles, l’ancien ministre des Sports Dominique Marie André Nana (2021-2022), considéré comme un proche de l’ex-président Kaboré.

Le magistrat a souligné que d’autres personnes pourraient être impliquées judiciairement dans cette affaire. Des révélations qui viennent ébranler un peu plus l’ancien régime, déjà fragilisé par le putsch de janvier 2022.

L’ex-président de l’Assemblée nationale dans le viseur

Mais les ennuis judiciaires ne s’arrêtent pas là pour l’entourage de l’ancien président. Le parquet a également été saisi pour des faits de détournement de deniers publics, d’octroi d’avantages injustifiés et de blanchiment de capitaux visant Alassane Bala Sakandé, l’ex-président de l’Assemblée nationale, et cinq de ses collaborateurs.

Actuellement à l’étranger pour des « raisons prétendues de soins médicaux », M. Sakandé devra être présenté au juge pour la suite de l’instruction, a précisé le procureur. Il est reproché à ce proche de Kaboré et à ses collaborateurs « d’avoir, par des manœuvres, procédé à la conclusion de marchés publics par entente directe, (…) à des fins déguisées de détournements de deniers publics et d’enrichissement illicite ».

En outre, d’importants biens leur ont été saisis dans plusieurs villes du pays. Alassane Bala Sakandé est également soupçonné d’avoir distribué de manière injustifiée de l’argent à des tiers sur les fonds alloués à l’Assemblée nationale, qu’il a présidée de 2017 à 2022.

Un dauphin pressenti avant le putsch

Élu en septembre 2021 à la tête du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, ex-parti au pouvoir), Alassane Bala Sakandé était pressenti pour succéder à Roch Marc Christian Kaboré, qui entamait son deuxième quinquennat. Mais le coup d’État de janvier 2022 est venu bouleverser ces plans.

Accusé de ne pas avoir su endiguer la violence jihadiste qui mine le Burkina Faso depuis 2015, le président Kaboré a été renversé par une junte militaire conduite par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Huit mois plus tard, ce dernier a à son tour été évincé lors d’un second putsch mené par le capitaine Ibrahim Traoré, actuellement au pouvoir.

Une justice en pleine mutation

Ces inculpations interviennent dans un contexte de profonds bouleversements politiques et sécuritaires au Burkina Faso. Depuis la prise de pouvoir de la junte militaire, de nombreux changements ont été opérés dans l’appareil d’État, y compris au sein de l’institution judiciaire.

La mise en cause d’anciens hauts responsables pour des malversations présumées semble s’inscrire dans une volonté affichée par les nouvelles autorités de rompre avec les pratiques du passé et de moraliser la vie publique. Reste à savoir jusqu’où iront ces enquêtes et si d’autres personnalités de l’ancien régime seront inquiétées.

En tout état de cause, ces développements judiciaires risquent de fragiliser un peu plus le camp de l’ex-président Kaboré, déjà affaibli par le putsch et la perte du pouvoir. Ils pourraient également alimenter les spéculations sur l’avenir politique de certaines figures de premier plan de l’ancien parti au pouvoir, à l’instar d’Alassane Bala Sakandé.

Un pays en quête de stabilité

Au-delà des enjeux politiques, ces affaires de fraudes présumées interviennent dans un Burkina Faso en proie à une grave crise sécuritaire et humanitaire. Confronté à la menace jihadiste et à des violences intercommunautaires, le pays peine à retrouver la stabilité malgré les changements de régime successifs.

Dans ce contexte, la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique apparaissent comme des défis majeurs pour les autorités en place, qui devront démontrer leur capacité à assainir les pratiques tout en répondant aux attentes pressantes de la population en matière de sécurité et de développement.

Les prochains mois seront donc cruciaux pour le Burkina Faso, qui espère tourner la page des crises à répétition et s’engager sur la voie d’un avenir plus stable et prospère. La transparence et la bonne gouvernance seront sans doute des ingrédients indispensables pour y parvenir, au même titre que le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire.

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